Tranquillement avachi sur mon fauteuil, j’écoutais d’une oreille distraite ce qu’il se disait autour de moi. Certains élèves parlaient de la prochaine crasse qu’ils feraient aux premières années, d’autres de leur conquête du jour.
En face de moi se trouvait la nana pot de colle qui faisait tout pour attirer mon attention, sauf qu’à chaque fois je la snobais au plus haut point. Ce qu’elle pouvait m’agacer cette fille. Un truc de fou ! Elle se vendrait au diable si elle pouvait. Le truc c’est que je n’aimais pas les filles superficielles… Donc elle avait très peu de chance même voir rien du tout.
Rapidement les blablas incessants commencèrent à me souler. Et pas qu’un peu. Les élèves se faisaient de plus en plus nombreux. Quand je jugeais qu’il y avait trop de monde, je me levais d’un bond et sans un regard pour personne, je sortis de la salle commune. Même une fois le tableau refermé, j’entendais toujours le brouhaha qui provenait de l’intérieur. Pire que quand il y avait une fête quoi !
Je remontais les couloirs avec pour seule compagnie, le silence. C’était apaisant comme compagnon.
J’arrivais rapidement au hall et constatais que tout le monde, mais quand je dis tout le monde, c’est pas trois ou quatre pèlerins, mais tout le monde, était trempé. Wow… A croire qu’il y avait une tempête dehors.
Je regardais un peu le monde qu’il y avait lorsque mes yeux argentés se posèrent sur une jeune fille à ma gauche. Elle était entrain de sécher sa robe de sorcier. Un sourire se dessina sur mes lèvres lorsque je reconnus la jeune fille en question. Il s’agissait de Daphné Delacour, élève de Serdaigle, à qui j’avais sauvé la peau quelques jours plus tôt. Je m’adossais à côté d’elle. Elle ne m’avait pas remarqué tellement elle était prise dans son séchage. Je croisais les bras sur mon torse.

« Alors ? On t’a pas dit que la douche c’était pas tout habillée ? »

Comment faire une entrée en fanfare dans la vie de quelqu’un.

« Alors ? On t’a pas dit que la douche c’était pas tout habillée ? »

Cette fois je n'avais pas été prise au piège par ses yeux, et je pu lui répondre aussi ironiquement que lui.

- Maintenant que tu le dis... fis-je sans lâcher mon travail des yeux. Mais, ô grand génie, est-ce que tu pourrais, en plus de m'indiquer comment prendre une douche, passer un message au ciel pour qu'il évite de pleuvoir quand je suis dehors?

J'avais réussi à ne pas me retourner, mais je ne pu empêcher un sourire d'apparaître sur mes lèvres.
Je m'étonnais alors. Après tout on ne s'était parlé qu'une fois (où il m'avait aussi, en bonus, sauvé la vie) et il m'avait traité de « Miss pipelette ». Alors pourquoi venait-il, de lui-même, me reparler? Il avait toutes les filles qu'il voulait à ses pieds. A chaque fois que monsieur se déplaçait dans les couloirs les Serpentardes bavaient et le dévoraient des yeux, les Serdaigles se mettaient à glousser et les Poufsouffles se mettaient des coups de coudes en le dévisageant. Même les Gryffondors ne pouvaient s'empêcher de le suivre du regard. Alors pourquoi ne me laissait-il pas tranquille?
Je me rendis compte que ma robe était toujours trempée. Découragée je la fourrais dans une partie de mon sac. C'était vraiment désagréable. Je n'avais jamais aimé la pluie et là je sentais mon chemisier me coller à la peau et mes cheveux dégouliner dans mon dos.
Je les ramassais donc sur le côté, dévoilant ma nuque, et les essorais du mieux que je pu. Je tournais la tête et je vis trois garçons de Poufsouffle en train de me reluquer bêtement. Agacée j'allais leur balancer une petite amabilité mais mon cher ami Malefoy me devança.

Sans me regarder, Daphné me répondit :

- Maintenant que tu le dis... Mais, ô grand génie, est-ce que tu pourrais, en plus de m'indiquer comment prendre une douche, passer un message au ciel pour qu'il évite de pleuvoir quand je suis dehors?

Un sourire diabolique se dessina sur mes lèvres. Je me fis un plaisir de lui répondre :

« On enlève le superflu. Maintenant, je suis pas Mister Météo et je ne fais pas la pluie ni le beau temps. »

J’avais dit le tout toujours en souriant. C’était marrant de voir Miss Pipelette découragée d’essayer de sécher sa robe de sorcier. En même temps, elle avait de l’espoir pour sécher un truc aussi grand. Encore un tee-shirt, une chemise ou même un pantalon, c’était un peu plus faisable. Enfin bon, chacun son tripe !
Je regardais un peu autour de nous le temps que la petite demoiselle se défasse du trop plein d’eau présent dans ses cheveux quand je croisais le regard de trois Poufsouffle qui avaient les yeux rivés sur Daphné. J’arquais un sourcil puis regardais la jeune fille. Je compris pourquoi ils la fixaient de cette façon. En même temps, y’avait de quoi.
Je passais un bras autour des épaules de Miss Pipelette et leur balançais :

« Un petit coup de main, peut-être ? »

Les trois garçons tournèrent la tête aussitôt. Je tournais la tête vers Daphné puis lui murmurait à l’oreille :

« Tu participes au concours de tee-shirt mouillé ? Ton chemisier est blanc et on voit tout. »

Heureusement que j’avais la décence de la prévenir. J’aurais pu la laisser parcourir le château dans cet état là. Je la lâchais et retirais ma robe de sorcier. Tant pis, elle se baladerait pendant quelques minutes avec le blason Serpentard, mais c’était ça ou faire baver tous les mecs aux alentours.
Je lui mis ensuite ma robe sur les épaules.

- Un petit coup de main, peut-être?

Je trouvais que ça manquait de style mais au moins les trois autres abrutis détournèrent la tête. Attendez une seconde : c'était quoi ce bras autour de mes épaules?!

- Tu participes au concours de tee-shirt mouillé? Ton chemisier est blanc et on voit tout.

Pour qui il se prenait?!

- Espèce de crétin! sifflais-je entre mes dents.

Comme si je l'avais fait exprès! J'étais exaspérée. Pas seulement parce qu'il prenait des initiatives ou se permettait de sous-entendre quelques gentillesses, mais parce qu'une fois encore il m'avait rendu service.
J'aurais voulu lui envoyer un petit sortilège dans son beau visage mais pour une fois il fit quelque chose de gentil. Il me posa sa robe sur les épaules. Cela me calma instantanément. Elle était encore chaude et elle sentait bon. Un parfum subtil, élégant, racé, qui lui correspondait totalement. Je me rendis compte que cette aide était (pour une fois) la bienvenue. J'étais encore grelottante de la douche forcée que j'avais prise.
Puis je pris conscience qu'on était dans un hall plein de monde, que je portais une robe de serpentard, et que justement le membre le plus VIP de cette maison venait de m'aider.
Je soupirais en m'écartant et levais la tête vers lui. Grosse erreur. A l'instant même où j'avais croisé son regard j'avais oublié ce que je voulais dire. Tiens, cette fois-ci il avait les yeux couleur argent...
J'aurais pu rester là, plongée dans ma contemplation quand quelque chose... quelqu'un plus précisément, m'en empêcha.

- Scorpius, minauda une Serpentard en le tirant par sa manche. Où tu étais passé? Je t'ai cherché partout...

C'était qui cette fille? Immédiatement Malefoy eut l'air contrarié, et immédiatement je me sentis énervée. J'aurais pu être méchante avec elle mais j'avais décidé de me la jouer fille cool et compréhensive... enfin plus ou moins.

- Oh, ma pauvre, lui fis-je avec un faux air de compassion. Peeves t'as fait le coup du « je te maquille en clown » c'est ça? Si tu veux je peux t'indiquer des toilettes pour te débarbouiller.

La nana me regarda d'abord avec stupeur puis avec mépris. Sans me lâcher des yeux elle s'adressa à Malefoy.

- C'est qui celle-là? , ses yeux glissèrent sur le blason de ma nouvelle robe, Et pourquoi porte elle un uniforme de Serpentard? Je l'ai jamais vu. Allez viens, lui dit-elle en essayant de l'entraîner, ta B.A du jour est finie.

Sérieusement j'avais essayé de me contrôler. Mais cette fille m'avait insulté...et elle était en train d'agripper la manche de Scorpius ce qui eu pour effet de m'excéder encore plus.

- Aguamenti! m'écriais-je, ce qui eut pour effet d'envoyer un jet d'eau à pleine puissance dans la tête de la peste.

Et malheureusement pour elle, ou plutôt heureusement, son horrible maquillage se mit à couler sur ses joues la rendant encore plus hideuse.
Je cru qu'elle allait se mettre à pleurer, mais tout le monde nous regardait. Elle tenta alors de sortir sa baguette pour jeter à son tour un maléfice. Mais une fois une fois encore ce fut Malefoy qui intervint.

Pour ma petite réplique parlant de concours de tee-shirt mouillé, j’eus le droit de me faire traiter de crétin. Ben voyons ! C’était facile d’insulter les gens. En plus de ça je lui filais un coup de main sans rien demander en échange. Ouais parce que d’habitude, c’était donnant, donnant. Mais là, non, je demandais rien. Une grande nouveauté, non ?
Enfin, toujours était-il que même malgré l’insulte je lui filais ma robe de sorcier alors que rien ne m’obligeait de le faire.
Daphné leva la tête vers moi comme pour me dire quelque chose sauf qu’elle ne dit strictement rien. Elle me fixait. Et bah qu’elle fasse. C’était pas moi qui ça dérangeait.
Puis, je sentis quelqu’un tiré sur la manche de ma chemise.

- Scorpius. Où tu étais passé? Je t'ai cherché partout...

Je levais les yeux au ciel. Bon sang, jamais cette fille ne me lâcherait. Je tournais la tête vers elle. Le pire, c’était que j’avais entendu son prénom une bonne centaine de fois, mais jamais je l’avais retenu. En même temps, je ne retenais que ce qui m’intéressait, mais là… J’m’en foutais de cette fille. Et elle le comprenait pas.
Daphné sembla légèrement s’en irrité car elle répliqua à ma place. Et une réplique plutôt bien placée. J’avais toujours pensé que son teint n’était pas naturel. Mais alors pas du tout.

- C'est qui celle-là ? Et pourquoi porte elle un uniforme de Serpentard? Je l'ai jamais vu. Allez viens, ta B.A du jour est finie.

Ma B.A du jour ?

« Tu veux bien me lâcher ? »

Pire que les furoncles cette nana ! Quand elle agrippait quelque chose, elle le lâchait plus. Et là, c’était ma manche qu’elle agrippait et qu’elle tirait. Même après lui avoir demandé de me lâcher, elle continuait. Parce qu’elle pensait sérieusement que j’allais la suivre en plus. Je commençais sérieusement à m’énerver quand…

- Aguamenti !

La nana se prit un jet d’eau en pleine figure. Je la fixais les yeux ronds puis quand je vis le maquillage commencer à couler, j’éclatais de rire.
Le silence se fit dans le hall. J’étais le seul à rigoler parmi tous les élèves, mais je ne pouvais pas m’en empêcher. En même temps, vu la tête qu’elle tirait, c’était impossible de faire autrement.
Dans ses yeux, je vis naitre des larmes. A mon avis, c’était plus le fait que je riais d’elle que le fait qu’elle s’était prise de l’eau en pleine figure, qui allait la faire pleurer.
Cependant, comme tous les Serpentards, la nana ne manquait pas de répartit. Je la vis sortir sa baguette et la placer devant elle. J’attrapais son bras et lui pris la baguette des mains. Je n’aimais pas le contact des baguettes des autres, mais tant pis. Je ne comptais pas m’en servir de toute façon. J’aurais pu sortir la mienne, sauf qu’elle se trouvait dans la poche intérieure de ma robe de sorcier qui se trouvait actuellement sur les épaules de Miss Pipelette.

« Tu ferais une grave erreur. Casse-toi. »

Cette fois-ci, elle se mit à chialer pour de bon. Ce que je pouvais détester ça. Je lui remis sa baguette en poche avant d’attraper le bras de Daphné et de l’entrainer à ma suite.
Je ne la lâchais qu’une fois dans un couloir où il n’y avait personne.

- Tu ferais une grave erreur. Casse-toi.

Sur cette dernière réplique il m'attrapa le bras et m'entraîna derrière lui. Tout le monde avait les yeux fixés sur nous mais ce n'était pas ça qui me perturbait. Plutôt le contact de sa main sur mon bras.
Il me lâcha enfin dans un couloir désert. Doucement, presque craintivement, je levais de nouveau les yeux vers lui. Oups! Il avait l'air en colère. Mince, j'avais peut-être dépassé les bornes. Cette fille n'avait pourtant pas l'air d'être sa copine... Mais c'était un membre de sa maison, et il est était le « prince ».
Enfin je devais bien avouer que le fait d'avoir jouer un tour à cette pimbêche m'avait nettement défoulé. Juste pour le plaisir de voir son affreuse tête dégoulinante j'étais prête à recommencer. A cette évocation je sentis un sourire étirer mes lèvres.

- Désolée Malefoy, mais c'était vraiment trop tentant. Et puis je n'ai pas eu l'impression que tu sois ravis de la voir alors pour une fois j'ai voulu intervenir. Mais n'y vois rien de plus! ajoutais-je précipitamment.

Soudain je me rappelais de mon appareil resté dans mon sac. Pourvu que l'eau ne l'ai pas endommagé! Je me dépêchais de le sortir pour l'examiner. Heureusement il n'avait rien. Les photos d'Hugo étaient sauves.
Je remarquais alors l'air perplexe de mon interlocuteur.

- Euh... c'est un appareil photo. J'adore prendre des photos et j'en ai pris d'Hugo l'autre fois, j'espérais qu'elles pourraient toujours être développées, balbutiais-je.

Je me rendis compte que je racontais n'importe quoi. Dans l'espoir de rattraper les choses je lui demandais :

- Est-ce que je peux en prendre une de toi?

Ça faisait peut-être trop « fan ».

- Enfin simplement pour l'intérêt de l'art OK? Même si j'en suis sûre, une photo collector de Mr Scorpius Malefoy sans sa robe de Serpentard ferait fureur chez les filles, fis-je avec un sourire moqueur.

Je levais mon appareil en espérant une réponse positive.

Miss Pipelette ne dit rien quant au fait que je la trainais à travers les couloirs du château. Au contraire, elle me suivit sans rien dire. Et bien c’était tant mieux parce que je n’avais vraiment pas envie de me battre contre elle pour qu’elle avance.
Ce fut une fois que je la lâchais qu’elle ouvrit la bouche :

- Désolée Malefoy, mais c'était vraiment trop tentant. Et puis je n'ai pas eu l'impression que tu sois ravis de la voir alors pour une fois j'ai voulu intervenir. Mais n'y vois rien de plus!

Un sourire étira mes lèvres. Elle s’excusait pour ça ? Je me mis à rire. Je devais avoir l’air stupide de rire pour quelque chose qui n’était pas drôle aux yeux de certains, mais aux miens, ça l’était.

« T’excuses pas va ! Ca fait des lustres que j’ai pas autant rigolé. »

Et puis au moins, j’étais débarrassé du pot de colle ambulant pour le reste de la journée. Telle que je connaissais les filles comme elle, elle allait rester toute la journée enfermée dans son dortoir entrain de se dire qu’elle était devenue la risée de toute l’école.
Je regardais Daphné farfouiller dans son sac à la recherche de quelque chose. Elle en sortit un appareil bizarroïde. Je fronçais les sourcils. Je n’avais jamais rien vu de tel. Surement un objet Moldu.
La jeune fille dut voir mon air interrogateur car elle m’expliqua que c’était un appareil photo. Alors c’était à ça que ressemblait les appareils photo moldu ?! Ils étaient vachement plus petit que ceux qu’utilisait ceux de la gazette des sorciers.

« Tu connais Hugo ? » fis-je étonné.

Ouais bon en même temps, c’était plutôt à elle d’être étonnée que je connaissais Hugo étant donné que c’était un Gryffondor et que j’étais un Serpentard. Bref, là n’était pas la question.
Néanmoins, quand elle me proposa de me prendre en photo, je ne pus m’empêcher de sourire.

« Mouais… On va dire que je te crois et que c’est uniquement pour l’art. »

- Tu connais Hugo?

- Oui je l'ai rencontré dans le parc alors que j'allais piquer un somme, marmonnais-je en réglant l'appareil.

Bien la lumière était parfaite, et mon modèle très photogénique.

- Mouais...On va dire que je te crois et c'est uniquement pour l'art.

Clic! Son visage était surpris pour la première photo.
Clic! Pour la deuxième, amusé.
Clic! Pour la dernière pensif.
Bizarrement j'interprétais mieux ses émotions à travers un objectif qu'en face. Mon cœur se mit à battre plus vite . Déboussolée et légèrement rougissante j'éloignais l'appareil de mon visage.

- Désolée je...je crois que je ferais mieux d'y aller.

Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait. Ou plutôt je ne voulais pas comprendre. J'étais indéniablement attirée par lui. Le prince des Serpentard, le garçon qui faisait des crasses aux plus jeunes, qui avait sûrement était élevé dans le mépris des moldus et né-moldus... Pourtant je n'avais aperçu aucuns de ces aspects. Enfin une fois la glace brisée.
Soyons lucide je n'avais aucune chance. Il m'avait embrassé une fois, ça ne voulait rien dire. Pour lui c'était sûrement un caprice comme un autre. J'aurais voulu m'en aller mais je n'en avais pas envie. Rester simplement là, à discuter m'aurais fait plaisir.

- Vraiment il faut que j'y aille, dis-je en ramassant mes affaires.

Je fis mine de lui tourner le dos.

Daphné ne sembla pas surprise que je connaisse Hugo. En fait, elle était tellement occupée à me prendre en photo qu’elle ne s’en formalisa même pas. Je la laissais faire sans rien dire. J’étais certain que la première photo était foirée car je ne m’attendais pas à me recevoir un tel flash dans les yeux.
Je comptais environ trois flashes avant qu’elle ne déclare qu’elle devait y aller. J’arquai un sourcil. J’avais comme la nette impression que plus ça allait, plus elle me fuyait. N’était-ce pas elle qui était venue vers moi la première fois et qui s’était mise à rire en voyant mes lunettes ?
C’était mignon à voir d’ailleurs.

- Vraiment il faut que j'y aille.

Elle me tourna le dos. Je soupirais.

« Tu vas avoir l’air de quoi avec un blason Serpentard au milieu de tous les Serdaigles ? »

Je tournais Daphné vers moi et plongeais mon regard dans le sien.

« Puis-je savoir ce qu’il t’arrive, Miss Pipelette ? Je t’ai connu beaucoup plus expressive. »

J’étais d’un sérieux incroyable.

- Tu vas avoir l'air de quoi avec un blason Serpentard au milieu de tous les Serdaigles?

Là il marquait un point. Je n'avais pas pensé à cette petite difficulté. De plus je rechignais à enlever la robe, étant toujours trempée. Et même si je ne tremblais plus je savais que si je la quittais j'aurais de nouveau froid. Enfin, je savais que je ne voulais pas non plus m'en débarrasser à cause de son propriétaire. Alors quoi?

- Puis-je savoir ce qu'il t'arrive, Miss Pipelette? Je t'ai connu beaucoup plus expressive.

Encore une fois il touchait un point sensible. Bien sûr que j'avais été plus expressive! En tout cas avant que je me rende compte que le simple fait de me tenir à côté de lui me trouble.
Est-ce que je devais lui avouer? Je n'étais pas d'un naturel timide, mais malgré les quelques expériences que j'avais eu avec les garçons, parler à Scorpius de ce point me terrifiait carrément.
En même temps je savais que si je ne mettais pas les choses au clair j'étais quitte pour quelques nuits blanches de plus, et je n'étais pas sûre d'y survivre. Bon j'allais donc la jouer plutôt soft.

- Malefoy, fis-je d'une voix la plus assurée possible, pourquoi m'as-tu embrassé à la bibliothèque? Et pourquoi est-ce qu'a chaque fois que j'ai des ennuis tu pointe le bout de ton nez pour venir m'aider?

Voilà c'était dit. En termes plutôt crus mais c'était sortis tout seul. Au moins avec sa réponse je serais fixée. Je l'attendis donc, sentant l'angoisse me nouer la gorge. Je ne me souvenais pas m'être mise dans un tel état pour quelqu'un. Il avait vraiment trop d'emprise. J'aurais dû prendre du recul et m'enfuir quand j'en avait encore le temps. Maintenant il fallait bien que j'attende pour éviter de passer pour une malpolie. Après tout je lui avais fait une leçon sur les règles de politesse donc autant que je mette en application mes propres paroles.

J’avais marqué un point en lui faisant remarquer qu’elle avait ma robe de sorcier et qu’elle allait se retrouver un peu idiote au milieu des gens de sa maison.
J’en marquais un deuxième quand je lui fis remarquer qu’elle était plus expressive à la bibliothèque.
Je savais qu’avec ça, j’allais déclenche quelque chose chez elle. Et j’allais enfin savoir pourquoi elle semblait si distante.
Après quelques secondes, Miss Pipelette ouvrit enfin la bouche.

- Malefoy, pourquoi m'as-tu embrassé à la bibliothèque? Et pourquoi est-ce qu'a chaque fois que j'ai des ennuis tu pointe le bout de ton nez pour venir m'aider?

Ah ! Voici donc ce qui la tourmentait à ce point. Le fait que je l’avais embrassée et ensuite parce que je pointais le bout de mon nez quand il fallait. Bon alors… Que répondre à ça ?

« Sache que c’est un pur hasard que j’arrive quand t’en ai besoin. Je suis pas voyant, et je ne crois pas à la divination. »

Ca c’était le point le plus facile à répondre. Deuxième point maintenant.

« Et je t’ai embrassé parce que c’était trop tentant. »

Et je cédais toujours à la tentation. C’était peut-être un de mes plus gros défauts, mais je l’assumais complètement.

- Et je t'ai embrassé parce que c'était trop tentant.

Il ne croyait pas à la divination hein? Pourtant c'était le spécialiste des messages sibyllins. Et puis, sérieusement, qui irait embrasser quelqu'un qu'il connait à peine avec pour seule excuse « désolé j'ai pas pu résister »? Malefoy avait sûrement l'habitude qu'on lui passe tout ses caprices sans réagir. Et bien pas moi.

- Et ça t'arrive souvent ce genre de choses? Tu penses peut-être que je vais accepter sans broncher?

Je ne savais pas vraiment pourquoi je m'énervais alors que l'instant auparavant j'étais gênée. Mais son ton désinvolte et son air je-m'en-foutiste, m'avaient mis hors de moi.

- Je vais te donner un indice: non. Et je vais aussi, te donner sûrement la première punition de ta vie!

Ma main crispée sur ma baguette je m'approcha de lui jusqu'à ce que nos visages ne soient plus qu'à deux centimètres. Il n'avait pas l'air impressionné le moins du monde. Plutôt agacé. A cet instant j'eus vraiment envie de lui balancer une claque ou un sort, mais j'eus une autre idée. Peut-être que ça pourrait le surprendre pour une fois!
Je lui posais ma main sur la nuque et lui déposais un doux baiser sur ses lèvres.
Lorsque je m'écartais et que je vis son expression je ne pu m'empêcher d'éclater de rire.

- Tu verrais ta tête! fis-je entre deux éclats de rire.

Pour la première fois depuis que je l'avais rencontré il avait l'air véritablement surpris. Mais évidemment il se repris vite pour remettre son masque lisse et détaché du monde. Moi j'étais toujours pliée en deux. Retour au point de départ!

Et voila, j’avais fait de Miss Pipelette une fille énervée. J’avais le don aussi de mettre les gens en colère. C’était marrant de les voir s’énerver.

- Et ça t'arrive souvent ce genre de choses? Tu penses peut-être que je vais accepter sans broncher?

Je haussais des épaules. Si ça m’arrivait souvent ? Pas vraiment, mais ça m’était déjà arrivé plus d’une fois. Il ne fallait pas se mettre dans tous ses états pour si peu. C’était qu’un baiser, rien de plus. Franchement, j’aurais toujours du mal à comprendre les filles. C’était limite si elle ne vous maudissait pas pour leur avoir voler un baiser. Ce n’était pas comme si je lui avais volé le premier. Qui de nos jours n’avait jamais embrassé personne à l’âge de 15-16 ans, hein ? On se le demande.

- Je vais te donner un indice: non. Et je vais aussi, te donner sûrement la première punition de ta vie!

J’arquais un sourcil. Ma première punition de ma vie ? Ben voyons ! C’était mal me connaitre ! Je ne comptais même plus le nombre de fois où j’avais été puni de toute ma vie. Enfin bref.
Je la regardais s’avancer vers moi avec sa baguette en main. Si elle croyait qu’elle me faisait peur. N’empêche que je faisais fort parfois parce qu’en plus d’être désarmé (et oui, ma baguette se trouvait toujours dans ma robe de sorcier qu’elle avait toujours), je n’avais pas peur de me prendre je ne sais quel sortilège en pleine figure.
Je ne bougeais pas d’un pouce lorsque son visage fut à quelques malheureux centimètres du mien.
Cependant, je ne m’attendais pas du tout à ce qui suivit. Je m’attendais à tout sauf à me faire embrasser par Miss Pipelette. Le fait de m’avoir embrassé la faisait rire. Et bah… Ouais j’avais une tête de surpris, et alors ? Heureusement pour elle qu’elle n’avait pas eu un miroir devant elle le jour où je l’avais embrassé parce que j’étais certain qu’elle s’était trouvée dans le même état que moi à cet instant.
Je repris mon air habituel.

« C’est tout ? » fis-je d’une voix moqueuse.

Je repris mon souffle alors qu'il me balançait :

- C'est tout?

Sauf que maintenant il avait beau essayer de faire croire qu'il ne ressentait jamais rien il était grillé. L'entendre dire ça raviva mon hilarité. Incroyable comme il parvenait à me faire rire pour pas grand-chose.

- Désolée Malefoy, maintenant on est quitte, lui dis-je. Mais je ne sais pas si toutes les filles réagiraient comme ça. Quoique... ton fan-club serait sûrement hystérique.

Mon dieu! Rien que d'imaginer le pot de peinture à son bras en extase me fit sourire. Et en pensant, en plus, à l'air excédé qu'il aurait, je me mis à pouffer.

- Tu pourrais même embrasser ton pot de colle de tout à l'heure, continuais-je à deux doigts de hurler de rire.

J'étais appuyé avec une main contre le mur, persuadée que si je n'étais pas soutenue j'allais m'écrouler en me tordant de rire.
Progressivement je me calmais et pris une pellicule au hasard pour changer celle de mon appareil photo. Mais au moment où j'ouvris la boîte je me rendis compte que c'était un morceau de papier qui y était roulé. Je l'en sortis pour constater que c'était l'écriture de ma mère. Elle n'aurait pas pu me mettre une lettre comme une personne normale? Je la dépliais en soupirant.

« Ma chérie,
J'ai décidé de te révéler ici quelque chose qui est important pour nous deux. Cet appareil photo appartenait à ton père. Dans cette même boîte de pellicule il avait laissé un mot à ton attention. Malheureusement je l'ai découvert juste après qu'il soit partis et, sous le coup de la colère, je l'ai fait disparaître. Même si je l'ai lu et que je garde le souvenir de quelques phrases j'ai décidé de ne pas te les révéler. Je suis certaine que tu ne comprendras pas ma décision. En tout cas pas pour l'instant. Mais sache que je t'aime et que c'est uniquement dans notre intérêt que j'ai pris cette décision.
Ta maman. »

La lecture de cette lettre m'a évidemment calmé instantanément. Tout ce que je ressentais à cet instant c'était un sentiment de rage comme je n'en avais jamais éprouvé. De quel droit se permettait-elle de supprimer quelque chose qui m'appartenait? Et pourquoi ne voulait-elle pas me dire ce dont elle se souvenait? J'en avais plus qu'assez de ces cachotteries. De plus elle m'avait toujours dit que depuis son départ elle n'avait plus jamais eu de nouvelles. Mensonges! Si ça se trouvait il voulait que je le rejoigne!
Je sentais des étincelles crépitantes qui parcouraient ma baguette. J'étais crispée, les poings et la mâchoire serrés, et la seule chose que je voulais c'était me défouler. En premier je mis le feu à la petite boîte que je piétinais ensuite allégrement. Puis je shootais dans mon sac. Mais cela ne suffit pas. J'avais besoin de détruire quelque chose pour évacuer ce trop-plein de colère. Visant une armure avec ma baguette je l'envoyais bouler à l'autre bout du couloir où elle atterrit avec un grincement de protestation.
Puis, la main toujours serrée autour du mot, je m'effondrais dos au mur les larmes aux yeux, en essayant de respirer normalement.
J'avais une fois de plus oublié la présence de Scorpius qui s'accroupit devant moi. Je n'en pris conscience que lorsqu'il m'arracha le papier des mains.

Et bah ravi de la faire marrer à ce point.

- Désolée Malefoy, maintenant on est quitte. Mais je ne sais pas si toutes les filles réagiraient comme ça. Quoique... ton fan-club serait sûrement hystérique.

Ben voyons… Si elle savait combien je m’en foutais de mon « fan club ».

- Tu pourrais même embrasser ton pot de colle de tout à l'heure.

« Oh pitié ! »

Moi ? Embrasser le pot de peinture ? Non, j’avais un minimum de gout tout de même. Et n’allez pas croire que Miss Pipelette entrait dans mes parfaits critères. L’avantage qu’elle avait, c’était qu’elle ne mettait pas trois couches de maquillage pour paraitre jolie. Elle l’était naturellement, il fallait l’avouer. Oui, je savais reconnaitre quand une fille était jolie ou non.

Je la regardais farfouiller dans son sac pour chercher je ne sais trop quoi. Encore un truc pour son appareil photo moldu. Bon, ce n’était pas le tout, mais j’avais d’autre truc à faire. Je m’apprêtais à lui demander ma robe de sorcier pour pouvoir partir mais à peine avais-je ouvert la bouche que Daphné se mit à péter un plomb. Je la fixais en arquant un sourcil. Et bah de plus en plus surprenante cette fille.
Puis, elle tomba à genoux devant moi et se mit à pleurer. Et bah… bracelet, pellicule photo… Je soupirais et m’accroupis devant elle. C’était pour quoi cette fois ? Je lui pris le papier qu’elle tenait entre les mains et lus la lettre. Bon, ce n’était pas très poli, mais bon…
Les histoires de familles, ça ne regardait que ceux qui étaient concernés. Néanmoins, je ne pus m’empêcher d’avoir une sorte d’élan de sympathie pour cette fille. Je la pris contre moi et lui prêtais mon épaule pour pleurer. Je ne pouvais faire que ça.

Sans rien dire, j’attendis que Miss Pipelette se remette de ses émotions. Plusieurs minutes s’écoulèrent ainsi avant que ses sanglots ne se calment. Je la lâchais lorsqu’elle commença à reculer.

- Encore merci. J'ai l'impression de ne faire que ça ces temps-ci. C'est vraiment gênant en fait.

Mouais…

« Gênant parce que c’est moi qui te console ? » fis-je en souriant.

J’avais dit ça sous le ton de la plaisanterie. Je risquais de me faire traiter de crétin encore une fois, mais tant pis. Je préférais la voir sourire un minimum que pleurer. Les yeux rougis ne lui allaient pas du tout.
Je n’avais malheureusement pas grand-chose à lui dire. Je ne connaissais pas l’histoire depuis le début. Même si j’en connaissais déjà pas mal avec la lettre que j’avais lu sans demander la permission. Mais Daphné ne sembla pas s’en conformer. En fait, elle ne me le reprocha même pas.
Elle recula un peu plus puis elle parla de nouveau.

- T'es vraiment pas comme les gens de ta maison, hein? Et tu n'as aucune envie d'entrer chez les Ecorchés? T'as raison il ne faut jamais faire vraiment confiance aux autres. Regarde ce qui arrive sinon...

Moi ? Pas comme ceux de ma maison ? Elle était la troisième à me le dire. De plus, elle avait deviné que je ne comptais pas rejoindre les Ecorchés. Je ne pus m’empêcher de sourire. Cette fille était trop observatrice.

« Ecoute… Y’a toujours des gens à qui tu peux faire confiance. Ils sont rares et ceux sont eux que tu peux appeler amis. »

Attention mesdemoiselles et messieurs, Scorpius Malfoy – moi ! – faisait de la philosophie et donnais une leçon de vie à une Serdaigle. Wahou…

« Par contre, si tu dis à qui que ce soit que je ne compte pas faire partis des hérités des Mangemorts, je te tue ! »

- Par contre si tu dis à qui que ce soit que je ne compte pas faire partis des hérités des Mangemorts, je te tue!

Sa remarque me fit rire. Pas d'un rire nerveux, un vrai qui me remit les idées en place.
Je m'absorba un peu dans mes réflexions. Ma mère ne voulait rien me dire? Tant pis, je me débrouillerais seule pour trouver un maximum d'informations. Après tout j'avais encore le bouquin que Rose et moi avions piqué dans la Réserve l'autre soir.
Et puis je réfléchis aux dernière paroles de Scorpius.

- Personne ne pense que tu pourrais choisir une autre voie que les Ecorchés? Enfin vis-à-vis de ton père ça doit être plutôt compliqué, mais peut-être que ta mère est plus compréhensive.

En même temps je disais ça alors que je ne savais pas grand-chose sur sa famille. Si ce n'est que son père était un Mangemort notoire et que sa mère était réputée pour être d'une grande beauté. Telle mère tel fils, dirons nous.
Je tâtais mes cheveux, ils étaient encore humides. Pour mon haut et mon jean j'avais perdu espoir. Il faudrait que je repasse par le dortoir avant d'aller à mon prochain cours. Justement c'était un cours de potion et si je ne me dépêchais pas je n'aurais jamais le temps de me changer sans être en retard.
Je me relevais et époussetais ma robe. Enfin sa robe. Je la retirais pour lui redonner quand un nouveau groupe d'élève lourd-dingue de Serpentard débarqua dans le couloir.

- Eh Malefoy! T'as réussi à te trouver quelqu'un? fit le plus âgé en rigolant. Une sang-pur au moins? Tu nous la présente?

Super... il ne manquait plus que ça pour que ma vie soit un enfer. Visiblement je devais avoir retrouvé ma tête de d'habitude. Dommage, peut-être que si j'avais eu le nez rouge et les yeux bouffis ça les aurait fait fuir. Mais apparemment ceux-là ne voulaient pas lâcher le morceaux puisqu'ils continuèrent à avancer.

Je réussis à faire rire Daphné. Ah bah voila ! On approchait de la perfection là ! Qu’est-ce que je disais qu’elle était plus jolie lorsqu’elle riait que lorsqu’elle pleurait ?

- Personne ne pense que tu pourrais choisir une autre voie que les Ecorchés? Enfin vis-à-vis de ton père ça doit être plutôt compliqué, mais peut-être que ta mère est plus compréhensive.

« Peut-être » répondis-je.

En fait, ma mère ne m’avait jamais donné son opinion sur la question. C’était mon père qui gérait le truc. Certes mon père voulait absolument que je reprenne la succession, même si lui avait été mort de trouille devant le Seigneur des Ténèbres. J’avais entendu dire qu’une fois qu’il avait disparut grâce à ce fameux Harry Potter, et bien mon père avait été soulagé d’un énorme poids. Je n’en doutais pas une seule seconde.
Je me relevais et Miss Pipelette en fit de même.
Elle me rendit ma robe de sorcier après avoir vérifié ce qui était sec et ce qui ne l’était pas. Enfin, elle n’était pas plus sèche que tout à l’heure. Elle ferait mieux de se changer, elle irait trois fois plus vite. Alors que je prenais ma robe de sorcier, une voix s’éleva :

- Eh Malefoy! T'as réussi à te trouver quelqu'un? Une sang-pur au moins? Tu nous la présente?

Allez…C’était reparti. Bon sang, je ne pouvais pas avoir dix minutes de paix sans croiser un abruti de première catégorie. Je tournais la tête vers la bande de Serpentards. Tous se marraient de la réplique du plus âgé. Si je me souvenais bien, il était en septième année. Pff…

« Allez vous faire foutre ! » répondis-je.

- Allez vous faire foutre! répliqua Malefoy

Oh...là il était pas de bonne humeur. De plus je lui avais rendu sa robe, et donc sa baguette. J'espérais vraiment que je n'aurais pas besoin d'utiliser encore la mienne.

- Sois pas comme ça Malefoy. T'as toujours été un Serpentard loyal. Il faut que tu apprennes à partager c'est tout.

Ils avaient l'air carrément menaçant. Et visiblement même s'ils respectaient Malefoy ils ne le considéraient pas comme un chef contrairement à d'autres nombreux élèves de leur maison.
Le meneur s'approcha d'avantage. Il possédait une carrure de batteur, faisait une tête de plus que moi et me fixait de ses petits yeux verts d'un air gourmand. Ça me rappela mon cauchemar.
J'attrapais doucement la manche de Malefoy et lui chuchotais discrètement.

- On devrait peut-être y aller non?

Je n'avais pas envie de rester une minute de plus en face de cet ignoble type.
Je commençais à m'en aller quand la brute m'agrippa par le bras.

- Qu'est-ce qui se passe? Tu as l'air d'apprécier les Serpentards pourtant, railla-t-il en glissant un regard vers Malefoy.

Visiblement il cherchait à le provoquer, ce qui selon moi serait peine perdue puisqu'il ne voudrait pas se salir les mains pour une fille.
Consciente qu'il allait sûrement falloir que je me débrouille seule je me dégageais sèchement.

- Les Serpentards peut-être, mais les idiots obsédés dans ton genre sûrement pas!

Il plissa les yeux comme s'il cherchait par quel endroit il allait commencer à frapper.

- Sois pas comme ça Malefoy. T'as toujours été un Serpentard loyal. Il faut que tu apprennes à partager c'est tout.

J’arquais un sourcil. Ben voyons. Je regardais celui qui avait parlé s’avancer vers moi. Il était légèrement plus grand que moi. Bon, je n’étais non plus extrêmement grand et j’étais fier de ma taille de toute façon. Et puis, jamais je n’étais laissé impressionner par quelqu’un qui faisait quelques centimètres de plus. Même ceux qui était plus carré que moi.
Je ne bougeais pas d’un poil lorsqu’il fut bien planté en face de moi. Même lorsque Daphné tira sur ma manche, je ne bougeais pas.

- On devrait peut-être y aller non?

On ? Oh non, moi je ne bougerais pas. Qu’elle parte si elle le voulait, mais ce n’était pas moi qui allait reculer le premier.
Comme si Miss Pipelette avait lu dans mes pensées, elle commença à partir cependant, le type placé juste en face de moi lui agrippa le bras.

- Qu'est-ce qui se passe? Tu as l'air d'apprécier les Serpentards pourtant.

Je le fusillais du regard lorsqu’il me regarda. A mon humble avis, je n’allais pas m’en débarrasser aussi facilement que je n’osais espérer au début. Enfin bon... Toujours était-il que je pourrais m’en débarrasser.

- Les Serpentards peut-être, mais les idiots obsédés dans ton genre sûrement pas!

Ca c’était bien balancer, mais elle n’allait pas s’en sortir aussi facilement. Comment cette fille faisait-elle pour s’attirer autant de tuiles dans une même journée ?!
Je réagis au quart de tour lorsqu’il commença à lever le bras pour lui en mettre une. Elle l’avait vexé et Dieu seul sait combien les Serpentards étaient susceptible comme pas deux. Je lui attrapais le bras et lui collais mon poing dans la figure. C’était parti, mais alors tout seul ! Le choc résonna dans le couloir. Tout le monde affichait un air surpris. Même moi je l’étais et pourtant j’arrivais à rester neutre. Si c’était pas magnifique ça ?

« On t’a jamais dit de ne jamais frapper une fille ?! » crachais-je.

Wouah! Je n'aurais pas aimé être à la place du type. Le coup l'avait quelque peu sonné et il n'avait pas le regard clair.
Si je n'avais pas été aussi terrifiée je me serais sûrement mise à rigoler.

- On t'as jamais dit de ne jamais frapper une fille?!

Je ne l'avais jamais vu aussi énervé. En même temps on ne pouvait pas dire que je le connaissait depuis des lustres non plus.
Les autres Serpentards eurent un air craintif mêlé de respect en regardant Malefoy. Moi non plus je ne l'aurais jamais cru capable d'aller jusque là pour défendre une fille qu'il connaissait à peine. Enfin, il devait avoir ses principes.
J'avais encore une fois échappé à une bonne raclée. Ce qui m'arrivait souvent ces derniers temps... Je regrettais presque l'époque où je restais seule la plupart du temps.
L'une des grosses brutes remorqua son chef en me lançant un regard meurtrier, puis lui et sa bande s'en allèrent. Je sentais que j'allais devoir être sur mes gardes dans les semaines à venir.
Je jetais un coup d'oeil à Malefoy qui avait l'air plutôt zen, enfin si ses yeux n'avaient pas lancé des éclairs.

- Tu as un sacré direct, lui glissais-je soucieuse de détendre l'atmosphère.

Il me regarda d'un air agacé mais amusé. Bon c'était toujours ça.

- C'est encore à moi de te remercier non? Je suis prête à te rendre service quand tu veux. Vu le nombre de fois où tu m'as sauvé la mise c'est la moindre des choses. fis-je en le regardant. Mais pas n'importe quoi non plus hein!

Je n'avais aucune envie de me retrouver avec des devoirs en plus ou avoir d'autres corvées de ce genre. Même s'il devait avoir suffisamment de larbins pour s'en occuper.
Je regardais ma montre quand je m'aperçus qu'il ne me restait que dix minutes avant le début de mon cours. Sachant qu'il fallait encore que je remonte dans mon dortoir pour me changer.

- Je dois filer! Mais, euh, on se reverra un autre jour, lui dis-je, affolée.

Je lui claquais une bise sur la joue (quelque chose de normal en France, je tiens à préciser!) puis filais aussi vite que possible vers l'escalier principal. Ma journée avait était proprement épuisante...et elle n'était pas finie.

Personne ne broncha sur le fait que je venais de frapper un Serpentard. Personne ne pipa mot et c’était tant mieux. Personnellement, je n’avais pas envie que tout le groupe me tombe dessus.
Ils s’éloignèrent sans plus de cérémonie. Lorsqu’ils disparurent du couloir, je pus de nouveau respirer normalement, va-t-on dire. Je me tournais vers Daphné. Elle n’avait rien, je n’avais donc pas de quoi m’inquièter ;

- Tu as un sacré direct.

Ben voyons...

« C’est parti tout seul. »

Et c’était la stricte vérité. Cependant, Miss Pipelette se sentit redevable car si j’avais besoin de quoi que ce soit, je pouvais faire appel à elle. Dans la limite du raisonnable, se sentit-elle obligée d’ajouter. Un petit sourire se dessina sur mes lèvres. C’est vrai quoi, on ne savait jamais avec moi sur quoi on pouvait tomber.

« Mais je ne t’ai rien demandé. »

Ce qui n’était pas faux.

- Je dois filer! Mais, euh, on se reverra un autre jour

Elle me claqua une bise sur la joue et se tira en courant. Je secouais la tête avec un sourire amusé. Je me baissais pour ramasser ma robe de sorcier que j’avais laissé tomber puis l’enfilais avant de partir à mon tour de mon côté.