Lundi, jour que je détestais le plus dans la semaine. Non seulement parce que le week-end était terminé, mais aussi parce que l’emploi du temps du jour était pourri ! Pas un seul des cours n’était réellement passionnant : Histoire de la magie, Arithmancie, Divination, Sortilèges et enchantements (ça, ça allait), Botanique et Soin aux créatures magiques (les Scroutt à Pétard, c’est pas le top ! J’avais connu mieux).
J’étais tranquillement assis à ma table dans la Grande Salle entrain d’avaler un semblant de petit déjeuné. Moi et la nourriture le matin, ça faisait trente-six (voir plus). Je n’arrivais pas à avaler quoi que ce soit à moins de n’avoir rien mangé la veille.
Je levais le nez de mon assiette pour voir que tous les élèves mangeaient avec appétit. Comment ils faisaient ? Il y en avait même qui avait déjà la super pêche alors que moi il me fallait pas mal de temps avant d’être parfaitement réveillé, et en plus de ça, je n’étais pas aimable pour deux ronds le matin. C’était impressionnant… J’avais limite de l’admiration pour ces gens là.
Ma mère me comparait avec un ours le matin, alors je vous laisse imaginer le nombre de fois où je l’avais envoyé promené quand elle me posait mille et une questions dès le lever.
Je soupirais et lâchais ce que j’avais dans les mains. Je donnerais cher pour aller me recoucher et envoyer chier tous les profs qui réclameraient ma présence, mais sérieusement, je ne pouvais pas. Ca s’appelait faire le mur, même si je restais dans l’enceinte du château.

- Salut. C’est toi Scorpius Malefoy ?

Hein ?
Je levais légèrement la tête pour ensuite la tournée sur le côté. Je découvris une jeune fille de ma maison, assise à côté de moi. Apparemment, elle venait d’arriver. Sinon, je l’aurais remarqué quand je m’étais assis quelques minutes plus tôt. Elle était blonde et bizarrement, sa tête me disait vaguement quelque chose. Bien que je ne serais dire quoi exactement. J’étais persuadé de ne pas la connaître.

« Ouais. Et toi, tu es ? »

Ouais bon, il y avait mieux comme genre de réponse. J’avais déjà fait plus poli, mais là, sérieux, c’était le matin, et parler n’était pas mon activité préférée. Cette activité venait plus tard, bien que je ne parle pas énormément, si on analysait la situation. Je ne parlais jamais pour ne rien dire.
Je m’étonnais quelque peu que la jeune fille me demande si c’était bien moi. J’étais pourtant quelque peu persuadé d’être connu. Tout du moins, des troisièmes années aux septièmes années. Or la demoiselle qui se trouvait juste à côté de moi n’avait rien d’une gamine de onze ou douze ans.
Je continuais de la fixer, n’allant pas jusqu’à l’impolitesse non plus. Je savais ce que ça faisait d’être regarder fixement pendant de longues minutes. Ca m’excédait au plus haut point. Cependant, ses traits me disaient vaguement quelque chose, mais rien ne venait. C’était frustrant comme truc ! Avoir l’impression de connaître la personne, mais ne pas réussir à mettre un nom… C’était chiant, il fallait l’avouer !
Je me demandais aussi ce qu’elle voulait. Et bien oui, on n’abordait pas quelqu’un sans raison. Surtout en demandant confirmation sur la personne.

« Je peux t’aider en quelque chose ? »

Et en plus de ça, je lui proposais mes services. Décidemment, j’étais trop magnanime en ce moment… Ca me perdra.
D’habitude, j’envoyais tout le monde promené, mais là, j’avais trop pas la force de trouver une réplique quelconque. Mon cerveau dormait encore et c’était pas peu dire.

La demoiselle ne répondit pas à ma question sur son prénom. Bah après tout, quelle importance ! Par contre, ce qui suivit m’étonna.

- Oui, répondre à ma question. T’es un héritier ? Je veux dire, vraiment riche ?

Houla ! Elle me faisait quoi là ? Une crise de jalousie ou une demande en mariage ?
Je n’eus guère le temps de répondre à ses questions qu’elle enchaina.

- Ecoute, je sais pas si c'est toi celui que je suis sensée épouser, mais retiens une chose dans ta petite tête : ça n'arrivera pas. Je me fous que tu veuilles ma fortune à des fins quelconques tu ne l'auras pas. Je me fous aussi que tes parents veuillent faire une alliance avec les miens, parce qu'ils ne l'auront pas. J'espère que tu m'as bien écoutée parce que je ne le répèterais pas.
Et s'il s'avère que se ne soit pas toi qui soit concerné mais quelqu'un que tu connais tu seras aussi gentil de lui faire passer le message.

Ca y est ! Je savais maintenant où je l’avais vu ! C’était en photo sur le bureau de mon père !
N’empêche que cette fille ne manquait pas de culot ! J’avais eu vent de ce petit plan. En fait, j’avais compris en voyant la photo, mais mon cerveau n’avait pas fait tilt immédiatement.
Je fronçais les sourcils tandis qu’elle se mit à sourire.

« C’est bon, là t’as fini ? Parce que j’vais t’apprendre un truc. On est d’accord sur un point : j’compte pas me marier avec une nana comme toi. Et j’en ai rien à foutre de ce que mes parents veulent ou pas. Les filles superficielles, ça m’intéresse pas. Deuxièmement, ton pognon j’m’en fou également. Je sais déjà pas quoi faire du mien alors je te laisse le tiens volontiers. »

Le silence régnait quelque peu sur la grande salle. En fait, elle et moi avions parlé un peu plus fort que la normale et d’un point de vue extérieur, ça faisait un peu scène de ménage. Mais ça n’avait rien à voir. Heureusement d’ailleurs. Personnellement, j’étais contre les mariages arrangés. Mes parents ne m’en avaient pas encore parlé, mais je savais déjà d’avance la réponse que j’allais leur donner. Et eux aussi devait s’en douter.

Dans cette histoire, la demoiselle ne me croyait pas. Elle était persuadée que je m’intéressais à son pognon. Ben voyons… Qu’est-ce que j’en avais à faire sérieusement ? Strictement rien. Si cette fille n’était pas superficielle, alors je ne m’appelais plus Malfoy ! Elle m’a tout de suite parlé de son pognon. Et c’était exactement ce que faisaient les nanas comme elle.
Contrairement à elle, je ne m’étais jamais vanté d’avoir de l’argent. Bon, tout le monde le savait, mais ça ne voulait pas forcément dire que je l’avais crié sur tous les toits.

Cette histoire commençait sérieusement à me gonfler et ça n’allait pas duré longtemps avant que ça ne me barbe et que je me mette vraiment en rogne.
La demoiselle semblait, elle-aussi, en colère. Mais à mon humble avis, c’était surtout parce que je lui avais balancé une critique bien senti. Il n’y a que la vérité qui blesse. Et puis sérieux, est-ce que c’était moi le responsable de ce que ses parents avaient décidé ? Au lieu de se dire, on va affronter les parents, et bah non, la faute retombe sur moi. Sauf que je n’avais pas une tête de pigeon !

- De toute façon, tout le monde sait que tu préfères te contenter des aventures d’un soir. Même cette serdaigle ne fera pas long feu.

Si ce n’était pas une fille, je lui en aurais collé une. D’ailleurs, ça me démangeait sec ! Je serais la mâchoire.
Putain, je pouvais pas avoir un réveil tranquille ! Il fallait forcément que quelqu’un vienne m’emmerder !

« Je serais toi, je me mettrais la langue où je pense et je retournerais jouer à la poupée étant donné que tu as l’âge mental d’une gamine de dix ans, si ce n’est moins. »

Je me levais prêt à m’en aller.

J’avais à peine commencé à avancer que je sentis une main sur l’épaule qui m’agrippait.

- Tu restes ici ! J’en ai pas finis avec toi !

Je levais les yeux au ciel. Je dégageais mon épaule et me remis à marcher. Je n’avais pas de temps à consacrer aux filles de son genre. Cependant, je ne pus continuer mon chemin tranquillement car je me sentis aussitôt léviter puis je me retrouvais la tête en bas pendant quelques secondes.
Quand je revins sur mes deux pieds, je me retournais vers la demoiselle dont j’ignorais encore le prénom. Cette fois-ci, elle était allée trop loin. Elle avait beau être une fille, tant pis, sa rouste elle allait la prendre.

- Ca te tente un petit duel Malefoy ? Là tout de suite.

Je levais les yeux vers la table des professeurs. Seul Hagrid était présent et il n’était pas du genre à être du matin lui non plus.
Je reportais mon attention sur la jeune fille.

« Viens pas pleurer si tu perds »

C’était ma façon à moi de dire que j’acceptais. Je n’allais tout de même pas me laisser emmerder par une potiche de première catégorie ?!

Franchement, cette fille était exaspérante au plus haut point. Et puis quelle idée aussi ce mariage arrangée ? J’venais de lui dire que je comptais pas dire oui à la volonté des parents et elle s’entêtait à me détester. Enfin bon, qu’est-ce que j’en avais à faire d’elle ? Rien du tout. Le pire dans l’histoire, c’était que j’allais me la coltiner jusqu’à la fin de mes études étant donné que nous étions de la même année.
Avant qu’elle ne vienne me parler, je n’avais jamais fait attention à elle. La preuve était que je ne connaissais même pas son prénom. Elle avait l’air choqué d’apprendre que j’ignorais tout d’elle. Mis à part la tête qu’elle avait pour l’avoir vu en photo et avoir fait la liaison avec celle qui se trouvait devant moi. Au passage, je trouvais qu’elle n’était pas digne d’intérêt. Et puis, cette manie de dire qu’elle avait de l’argent. Non mais sérieux… Encore une gamine pourrie gâtée. Contrairement à ce que beaucoup croyait, j’étais peut-être un Malfoy, mais ce n’était pas pour autant que j’avais eu la vie que tout le monde voulait croire que j’avais eu. Je m’étais débrouillé tout seul depuis mon plus jeune âge. Mais personne ne m’aurait cru de toute façon alors à quoi bon contester tout ce qu’il se disait sur ma pomme ?

- Choisis ton second.

Mais c’était qu’elle y tenait à son duel… Je levais les yeux au ciel et posais mon regard sur Alexandra, une fille de sixième année. Entourée de ses deux amies, elle me regardait en souriant. J’l’aimais bien cette fille. Et puis elle m’avait sauvé la mise à plusieurs reprises en ce qui concernait les devoirs de divination. Foutue matière que je n’arrivais pas à comprendre.
Alex hocha la tête en acceptant de devenir mon second. Je lui rendis son signe de tête et reportais mon attention sur mon mariage arrangé (si on pouvait appeler ça comme ça).

« J’ai choisi Alexandra Sterling. Et toi, petite ? »

Il était clair que j’allais la considérer pendant un bon bout de temps comme étant une gamine capricieuse. Car après tout ce duel n’était qu’un caprice de plus dans son répertoire.
La demoiselle avait sa main crispée sur sa baguette alors que je n’avais même pas sortie la mienne.

Pour toute réponse, une jeune fille métisse se posta près de la demoiselle Sans-Nom. Bon, j’avais ma réponse. Alex fixait le second de mon adversaire avec un sourire plus qu’éloquent. Il était clair qu’Alex n’était pas du genre à faire dans la dentelle. Elle avait des méthodes parfois barbares, mais efficace, y’avait pas à dire. Enfin bon, je savais que je pouvais compter sur elle en cas de pépins.

Je n’avais plus le choix maintenant, il me fallait sortir ma baguette pour que demoiselle Sans-Nom ne daigne m’attaquer. Nous, la plupart des Serpentard, avions le sens de l’honneur. Nous n’attaquions jamais quelqu’un qui n’était pas armé. Comme la plupart de tous les sorciers d’ailleurs. Cependant, avec celle qui se trouvait devant moi, je ne savais pas trop à quoi m’attendre car elle avait bien eu recours à un sortilège pour m’arrêter. Ce qui était en soit, de la lâcheté… Enfin bref, ce n’était pas le moment de polémiquer sur ce genre de chose.
Je sortis donc ma baguette et me mis en garde. Demoiselle Sans-Nom fit de même. Nous nous défiâmes du regard.
Le top départ fut annoncé par Lindsay. La demoiselle Sans-Nom me lança un « petrifius totalus » qui je parais d’un simple geste de la main.

Le silence régnait dans la Grande Salle. Nul doute que tous les regards étaient fixés sur nous. Même Hagrid nous regardait avec la bouche légèrement ouverte. Quelque chose me disait que lorsqu’il comprendrait ce qu’il se passerait, il allait avertir un prof. Et mon adversaire et moi allions passer un sacré quart d’heure pour manquement au règlement. Mais tant pis. On m’avait défié et il était hors de question que je refuse. Après tout, j’étais un Malfoy non ? Même si on disait de moi que je n’étais pas aussi avide que tous ceux avant moi, je restais tout de même un Malfoy (répétition >.<) et malgré les générations qui changent, il y avait bien une chose qui ne changeait pas.

« Expelliarmus ! »

L’étincelle rouge fila droit vers la demoiselle.

Comme je m’y attendais, la demoiselle Sans Nom para mon sortilège. En même temps, le sortilège de désarmement était un sortilège de base. On l’apprenait en première année. Il paraissait bateau, mais il était pourtant très efficace !
Je ne cessais pas de fixer ses yeux et j’y lisais pas mal de colère. Mais cette fameuse colère ne m’était pas vraiment destinée, bien que je fasse parti du motif de sa colère. Si elle avait cru pouvoir faire de moi son bouc émissaire, c’était raté. Je n’étais pas vraiment du genre à me laisser marcher dessus. Par personne, et encore moins par une fille.

- Sectumsempra !

« Protego ! » répliquais-je aussitôt.

Elle y allait fort notre petite demoiselle. Maintenant, j’allais devoir répliquer fort. Je m’apprêtais à le faire quand des pas, que je connaissais que trop bien, se firent entendre. Lorsque je regardais Miss Sans Nom, elle ne fit que confirmer ce que je savais déjà, avec son expression.

- Mlle Van Rain ! Mr Malefoy ! Rangez vos baguettes… IMMEDIATEMENT ! Et suivez-moi !

Ainsi donc, c’était ainsi qu’elle s’appelait. Van Rain… Bizarrement, ça me semblait beaucoup plus familier que son visage. Mais ce n’était pas le moment de réfléchir à ça car McGonagall nous attendait.
J’attendais que la Miss en face de moi commence à ranger sa baguette pour faire de même.

Nous fûmes, bien évidemment, forcé de la suivre. Je marchais devant Miss Van Rain, qui me suivait de peu. Les élèves que nous croisions s’écartaient pour laisser passer la directrice ainsi que nous deux. Ils nous dévisageaient avec des yeux aussi ronds que des souaffles.
Le chemin jusqu’au bureau de McGonagall ne m’avait jamais semblé aussi loin… Quoi que sauf il y a cinq jours avec Hugo. Mais bon, c’était une autre histoire.

Lorsque nous fûmes dans son bureau, moi et Miss Superficielle nous tenions, hélas, l’un à côté de l’autre, debout, tandis que McGonagall nous fusillait du regard comme elle seule le savait faire.

« Je peux savoir ce qui ne tourne pas rond chez vous ?! Vous savez pertinemment qu’il est interdit d’utiliser la magie pour se battre ! Malfoy, je pensais que la dernière fois vous suffirais… »

Je haussais les épaules. Ouais, ouais, j’étais déjà au courant et ce n’était pas nécessaire de me le rappeler. Je n’avais pas encore la mémoire d’un poisson rouge.

« Vous deux » , dit-elle en nous dévisageant, « vous serez en retenu et ensemble ! »

Je m’apprêtais à protester, mais elle ne m’en laissa pas le temps.

« Vous apprendrez à travailler ensemble ! Cela vous sera beaucoup plus bénéfique que si vous vous battiez comme deux gamins capricieux ! »