Une fois sortie de la salle commune, je respirais un grand coup. Bon sang les filles, qu’est-ce que ça peut être chiantes quand elles s’y mettent ! Un duel de sorcier, bah voyons ! Et pourquoi pas la guerre tant qu’elles y étaient. Un cerveau, voila parfois ce qu’il leur faudrait. Et un bon cerveau parce que sérieusement là, elles avaient atteins le summum !
Le couvre feu était passé depuis pas mal de temps maintenant, mais tant pis. Tout valait mieux que ces cinq furies. Je marchais dans les couloirs vides. On n’entendait que mes basquettes sur les dalles de pierres. Et encore, elles ne faisaient pratiquement pas de bruit. J’espérais sérieusement ne pas me faire choper en dehors de ma salle commune, mais l’espoir n’était pas trop d’actualité en ce moment.

Finalement, j’atteignis la grande porte du hall sans aucun souci. Personne ne m’avait vu déambuler dans les cachots. Je poussais la porte d’entrée et me retrouvais dehors. L’air était tiède. Heureusement d’ailleurs parce que je n’avais qu’un simple tee-shirt sur le dos. Je m’étais changé en arrivant dans ma salle commune, pensant que j’allais passer une soirée tranquille et bah non ! Il avait fallu que tout parte en sucette à cause de gamineries.
Mes pas me menèrent au parc qui était vide. La nuit commençait à tomber. A l’horizon, le soleil disparaissait. Et dire que je n’avais pris aucune feuille pour dessiner... J’aurais eu un magnifique dessin avec ce coucher de soleil. Enfin bon... On ne pouvait décidemment pas tout avoir dans la vie.

Encore une fois j'étais sortie du château après le couvre-feu. Ça commençait à devenir une habitude! Je n'avais pas choisi particulièrement de m'isoler. Contrairement à ce qu'on aurait pu croire l'ambiance de la salle commune n'était pas studieuse, mais extrêmement bruyante ce soir, en raison d'une fête d'anniversaire. Après le découpage du gâteau et une fois que j'eus donné mon cadeau, je m'étais éclipsée, ayant aperçus par la fenêtre un magnifique coucher de soleil.
Craignant que la température ne soit fraîche j'avais emporté avec moi un large sweat à capuche emprunté à un copain en plus de mon appareil photo.
Par mesure de précaution je jetais un sortilège de Désillusion et sortis discrètement par la grande porte. Une fois que j'eus jugé la distance qui me séparait du château raisonnable j'annulais le sort.
Je décidais alors de me rendre sous mon platane près du lac afin de prendre une montagne de photos. J'étais sûre que Hugo allait les adorer. Je marchais doucement admirant les ronds que faisait le poulpe géant du lac et le ballet incessant des hiboux et chouettes sortants de la Volière. Aussi une fois que j'arrivais je fus surprise de voir ma place favorite encore une fois occupée. Et encore plus particulièrement que ce soit après le couvre-feu, mais surtout qu'il s'agisse de Scorpius!

- Alors, on fait l'impasse sur ses devoirs de « Prince » ? le taquinais-je

Je m'assis en tailleur près de lui en réglant l'objectif de mon appareil vers le lac.

Je m’installais tranquillement au pied d’un arbre. Enfin, « installer » était un bien grand mot. J’étais plus avachi qu’autre chose. J’avais une de mes jambes étendue sur l’herbe tandis que l’autre était pliée. Je regardais le lac qui n’était pas loin. En fait, le soleil disparaissait dans l’eau. Enfin, c’était une image. Le soleil était à des milliers de kilomètres de la Terre et il ne rentrait pas dans le lac. Bref... Je me comprenais tout seul de toute façon.
Rien n’aurait pu troubler le silence mis à part une voix qui s’éleva :

- Alors, on fait l'impasse sur ses devoirs de « Prince » ?

Je ne pris même pas la peine de tourner la tête pour savoir qui c’était. Rien qu’avec la voix j’avais reconnu Miss Pipelette. Je la sentis s’installer à côté de moi. Je tournais légèrement la tête vers elle pour la voir entrain de régler son appareil photo moldu.
Je regardais de nouveau devant moi en posant ma tête sur le tronc du platane.

« N’est pas un Prince celui qui n’a jamais essayé de fuir ses fonctions » répondis-je.

Et puis, je n’avais pas fait impasse sur mes devoirs. On m’avait capoté ma soirée tranquille. Ce n’était pas pareil. Enfin, ça Daphné n’était pas censée le savoir.

Occupée à prendre des clichés je ne répondis pas tout de suite. Mais je m'interrogeais. Que faisait-il dans le parc après le couvre-feu un vendredi soir? N'était-il pas sensé « trôner » dans la salle commune des Serpentards?

- Tu ne te considères peut-être pas comme tel, mais tout le monde te surnomme ainsi...ou presque, dis-je avec un sourire.

Jamais au grand jamais je ne l'appellerais Prince. Même s'il m'avait rendu service plusieurs fois il y avait des limites à la reconnaissance.

- Pourquoi t'es dehors? l'interrogeais-je en me tournant vers lui.

Il était beau appuyé ainsi contre le tronc. Les rayons enflammés du soleil lui allumaient des reflets couleur fauve dans les cheveux et ses yeux étaient de nouveau d'une couleur argentée.
Sans même lui demander la permission, j'orientais l'appareil vers lui et commençais à prendre des photos.
C'était bizarre d'être tranquille pour une fois. D'habitude quand je me trouvais dans les parages de Malefoy il y avait toujours une tuile pour me tomber dessus. Mais ce soir ça avait l'air calme, enfin pour l'instant.
Quelques photos après je m'allongeais pour contempler le ciel, me laissant aller jusqu'à fermer les yeux, savourant la douceur de l'air et le silence environnant. Jusqu'à ce que mon voisin m'explique ce qu'il faisait ici à cette heure indue.

- Tu ne te considères peut-être pas comme tel, mais tout le monde te surnomme ainsi...ou presque.

Un sourire vint se dessiner sur mes lèvres. Ouais, j’étais au courant que j’étais le « Prince » de la plupart des Serpentards et de la plupart des filles autres maisons. Bah après tout, j’étais le fils de Draco Malfoy. Normal que j’hérite de son surnom, non ?

- Pourquoi t'es dehors?

Rien qu’à me souvenir le pourquoi du j’étais dehors me fit soupirer. Lui répondre, ou ne pas lui répondre ? Après tout, elle n’était pas obligée de savoir toute ma vie, non ? Ce n’était pas comme si elle est moi étions tout le temps collé. Quoi que je la croisais souvent en ce moment. Mais ça ne me dérangeais pas. Après tout, nous étions dans une école. C’était normal de croiser souvent les mêmes têtes.
Je savais qu’elle était entrain de me prendre en photos. Je lui avais donné mon feu vert une fois et c’était à croire qu’elle n’avait plus besoin de demander. Enfin, toujours était-il que je ne disais rien.
Puis elle reporta son attention sur le paysage que j’étais entrain de regarder. Elle le prenait en photo. Cependant, la réalité était beaucoup plus belle qu’une photo.
Quand je décidais de répondre à sa question, elle avait abandonné l’appareil photo et s’était allongée sur le sol. Je baissais la tête légèrement pour la regarder, mais elle avait les yeux fermés. Son visage n’était plus le même. A croire qu’il y avait une énorme différence entre une personne qui avait les yeux ouverts et une autre avec les yeux fermés.

« Combat de fille en pleine salle commune. Ca m’a soulé alors je suis sorti. Et toi ? »

Lorsque j'entendis sa réponse je ne pus empêcher un sourire se dessiner sur mes lèvres. Je voyais ça d'ici. Un bande de furie se battant pour savoir qui oui ou non Malefoy aimait les toast bien grillés ou juste doré, ou encore qui s'assiérait à côté de lui. A croire qu'il déclenchait des émeutes partout où il allait.

- Je vois, tu as encore fais quelque chose pour que ton fan club devienne incontrôlable non?

Et puis je revins à la question qu'il m'avait posé, toujours les yeux fermés.

- Je pense que c'est une trop belle soirée pour rester enfermé. Et puis pour une fois que je ne pensais trouver personne dans le parc je voulais en profiter un maximum.

C'était vrai. Ça faisait longtemps que le ciel n'avait pas été aussi limpide. On entendait même le chant étrange des oiseaux de la forêt interdite. C'était...reposant.
J'ouvris les yeux et découvris Malefoy en pleine contemplation. Décidant de l'ignorer j'enfilais le large sweat, commençant à frissonner. Il sentait bon l'after-shave et le propre.
Le jeune homme me regarda, perplexe.

- C'est pas à moi, expliquais-je, je l'ai emprunté à un ami dans la salle commune.

Comme si j'avais besoin de me justifier. On était pas mariés que je sache! Et puis j'aurais parié ma chemise qu'il s'en foutait royalement.
Je décidais de faire de même et de me rallonger, en scrutant le ciel qui s'assombrissait.

Alors là, pour une fois, ce n’était pas de ma faute. Mais alors PAS DU TOUT ! En plus, ce n’était même pas pour moi qu’elles se battaient. Moi, je m’étais contenté d’être spectateur. Jusqu’à ce que ça me gave d’ailleurs. Je me demandais s’il y avait eu un meurtre ou pas ? Qui avait été le grand gagnant ? Etc...

« Du tout ! En fait, c’est une fille de ma maison qui est sujette à des railleries depuis sa première année. On se demande tous ce qu’elle fait à Serpentard. Elle n’y a pas sa place. Je ne dis pas ça méchamment, mais elle aurait été plus chez elle dans une autre maison. Les filles de Serpentard l’ont prise en grippe et ça a éclaté. »

Voila toute l’histoire. Mon rôle ? Oh j’avais juste prétexté que Zora était une lâche en la voyant remballer ses affaires. Du coup, elle avait décidé de rester pour me montrer ce qu’elle avait dans les tripes.
A son tour, Daphné me donna la raison de sa présence dans le parc. Cependant, j’avais cassé ses plans en étant présent.

« Bah désolé d’être là... »

Mais ne comptez pas sur moi pour lever mes fesses et me lever. J’étais là avant en plus ! Nah !
Je ne regrettais pas d’être dehors à cette heure-ci car c’était vraiment très calme. Je vis Daphné enfiler un gros pull. J’arquais un sourcil. C’était un vêtement de garçon ça non ?

- C'est pas à moi, je l'ai emprunté à un ami dans la salle commune.

Je haussais les épaules.

« Tu fais ce que tu veux. »

- Tu fais ce que tu veux.

Encore heureux! Il manquait plus que je doive demander sa permission. Mais j'étais trop fatiguée pour réagir. Et puis j'étais venue là pour goûter au calme. Pour une fois je n'avais pas envie que les ennuis me trouvent. Je voulais simplement continuer à buller.

- Tu crois qu'on verra les étoiles? demandais-je.

Je n'avais pas repris l'astronomie en option et ça faisait longtemps que je n'avait pas regardé la voute céleste...
Soudain je rouvris les yeux :

- Attends...Tu parlais pas de Zora à l'instant? Cette fille est adorable et elle m'a justement aider à tenir tête à ton fan club ce matin qui voulait ma peau.

Je ne comprenais pas pourquoi il ne l'appréciait pas. J'aurais pensais qu'il s'entendraient bien. Enfin Malefoy était plutôt du genre nonchalant et la jeune fille rousse avait les idées bien arrêtées. Évidemment un clash était possible. J'espérais juste qu'elle n'aurait pas eu d'ennuis en plus à cause de ce matin...
Je me mordillais nerveusement les lèvres me demandant si je pouvait demander comment ça s'était terminé à Malefoy. Ma culpabilité l'emportant sur mon bon sens je le fis.

- Dis... elle n'a rien eu?

J'étais sincèrement inquiète pour elle. Si jamais elle avait eu des problèmes à cause de moi... Mais Scorpius paraissait plutôt étonné et agacé de ma réaction. Visiblement il ne l'appréciait pas du tout...

- Tu crois qu'on verra les étoiles?

C’était une bonne question... Mais je n’étais pas Astrologue, ni présentateur météo, donc je ne pouvais pas répondre avec exactitude à cette question.

« Peut-être. »

Je passais mes mains sous ma tête et regardais le ciel toujours adossé contre l’arbre.
Je ne sais trop quelle mouche piqua Daphné, mais aussitôt elle me questionna sur Zora. Je hochais la tête quand elle me demanda si c’était bien d’elle que je parlais. En même temps il n’y en avait pas quarante des nanas comme elle dans la maison Serpentard.

- Dis... elle n'a rien eu?

Je soupirais. Et moi qui avait fuit la salle commune pour justement oublié ce petit passage, voila que je tombais sur la copine inquiète.

« Nan... Quand je suis sorti, pot de peinture m’a suivit, mais j’ai été trop rapide pour elle. »

Quand il mentionna l'autre peste je sentis une pointe de jalousie me traverser. Néanmoins je n'en fis rien paraître.

- Tu vas devenir maître dans l'art de l'esquive avec les filles dis donc.

Je ne savais pas pourquoi je ne pouvais m'empêcher de l'embêter. Etais-je incapable d'avoir une conversation normale avec lui? C'était sûrement parce que tout était trop calme. Je m'attendais limite à voir une horde de centaures surgir de la Forêt Interdite ou quelque chose dans ce goût là arriver.
Et puis je refermais les yeux en me détendant. Quelques minutes passèrent, douces et sereines.

- Malefoy, est-ce que ça te conviens ce statut de « Prince » ?

Je ne savais pas non plus pourquoi je posais cette question. Peut-être que le calme et le silence tendaient à la philosophie...
Enfin, je m'interrogeais aussi vraiment. On aurait dit qu'il devait supporter ce rang, comme s'il n'en avait jamais eu vraiment le choix. Après tout il était tout le temps en train de s'esquiver, de rechercher un peu de solitude, de rembarrer les filles qui seraient prêtes à tout pour ne serait-ce qu'un coup d'oeil...
Je trouvais ça bizarre. En même temps, j'étais bien placée pour savoir que souvent on ne choisissait pas ce qui nous arrivait...Sinon j'aurais eu un père.

- Tu vas devenir maître dans l'art de l'esquive avec les filles dis donc.

Un petit sourire se dessina sur mes lèvres. Je la regardais un instant avant de répondre :

« Ouais, mais il n’y a qu’une fille que j’arrive pas à esquiver. »

Je reportais mon attention droit devant moi.
Etrangement, j’avais le calme que je voulais. Depuis le début de la soirée je cherchais que ça et là, je l’avais trouvé. Bon, je n’étais pas seul, comme je m’y attendais au début, mais la compagnie de Miss Pipelette n’était pas désagréable.
J’écoutais le silence avec joie. Ca peut paraître bizarre d’écouter le silence, mais ça se pouvait. La preuve était que j’étais entrain de le faire.

- Malefoy, est-ce que ça te conviens ce statut de « Prince » ?

C’était une bonne question... Mais que lui répondre exactement ?

« Pas que ça me convient ou que ça me convient pas. C’est comme un héritage. Plus ou moins... C’était comme ça qu’on appelait mon père. Les gens ont trouvé ça normal de faire de même pour moi. »

Et puis j’avais tout de même été élevé pour être un fils à papa, donc bon... Ca n’allait pas forcement à mon avantage. Oh si, je pouvais avoir tout ce que quelqu’un pouvait désirer, j’en tirais profit parce qu’il faudrait être complètement idiot pour cracher dans la soupe, mais bon... parfois un peu de normalité sera la bienvenue.

« Pourquoi cette question ? »

Ouais, j’avais le défaut de répondre avant de demander pourquoi. C’était stupide. Logiquement on demandait pourquoi avant de répondre, mais pas chez moi. A croire que c’était une habitude de répondre avant tout aux questions.

- Pourquoi cette question?

Répondre ou ne pas répondre, telle était justement la question. Puisqu'il s'était montré franc je décidais d'en faire autant.

- Tu m'intrigues, lui répondis-je. Tu es tout le temps entouré et pourtant tu recherches la solitude. Tu as tout ce que tu veux mais la plupart du temps tu essais de l'obtenir par toi-même. Et enfin, si tu parais lisse et inintéressant comme on pourrait le croire au premier abord, tu te montre en fait plein d'intelligence et pas méchant du tout...enfin avec certaines personnes en tout cas. Tu es un peu comme un...un paradoxe vivant.

Je sais, sortis comme ça on aurait plutôt dit une insulte. Pourtant s'en était loin. J'espérais seulement qu'il l'avait compris... Pour m'en assurer je me redressais sur les coudes et étudiais son expression. C'était bizarre quand il n'avait plus cet air belliqueux qu'il arborait en compagnie des autres Serpentards. Il paraissait presque attendrissant. J'ai bien dit presque parce que c'était tout de même encore un Malefoy.

- Et...comment ça se passe chez toi? Enfin je suis un peu curieuse de savoir comment marche une famille avec ses deux parents.

Là ça faisait carrément bizarre. Mais entendre parler d'une famille complète, me permettait d'imaginer comment la mienne aurait pu être.
Ce qui me fit penser au bouquin découvert dans la Réserve... Il fallait que j'interroge Scorpius! Peut-être que lui pourrait me renseigner. J'attendis d'abord qu'il finisse de répondre.

Ah ? Je l’intriguais. Et bien je pouvais directement en conclure que n’importe quoi l’intéressait. Cependant, la suite de ses paroles était totalement vraie. Je m’en étais moi-même rendu compte, mais je ne m’attendais pas à ce que quelqu’un d’autre le remarque. J’avais plus l’habitude de porter l’image qu’on me donnait plutôt que celle que j’avais. Stupide d’être ainsi ? C’était à mes parents qu’il fallait se plaindre. Je pris bien la remarque du paradoxe vivant. Vu comme elle le disait, ce n’était que vrai.

« Pourquoi tu poses des questions alors que tu connais déjà les réponses ? »

Démasqué. Devais-je m’en inquiéter ? Peut-être. Quoi que... Bof, finalement, non, je m’en inquiéterais plus tard ou jamais. Je pouvais lui faire confiance. Après tout, elle me faisait confiance pour ne rien dire sur son bracelet

- Et...comment ça se passe chez toi? Enfin je suis un peu curieuse de savoir comment marche une famille avec ses deux parents.

Alors là, me questionner sur ma famille... Si elle voulait savoir comment ça marchait, c’était pas sur la mienne qu’il fallait se poser ces questions. On était une famille bien à part chez nous. Enfin, elle voulait savoir et j’étais certain que tout le monde se demandait comment marchait la famille Malfoy.

« Ben... Je ne vois pratiquement jamais mes parents. Quand je suis au manoir, mon père disparaît le matin pour travailler et réapparait pour le dîner. Ma mère c’est pareil. Je ne les vois qu’une heure pendant le dîner. Mon père va s’enfermer ensuite dans son bureau, ma mère disparaît aussi, mais j’ignore où. Quant à moi, j’ai appris à me débrouiller tout seul. »

Je la regardais un instant puis continuais :

« Si c’est la famille idéale que tu cherches, c’est pas chez moi que tu la trouveras. »

- Ben... Je ne vois pratiquement jamais mes parents. Quand je suis au manoir, mon père disparaît le matin pour travailler et réapparait pour le dîner. Ma mère c’est pareil. Je ne les vois qu’une heure pendant le dîner. Mon père va s’enfermer ensuite dans son bureau, ma mère disparaît aussi, mais j’ignore où. Quant à moi, j’ai appris à me débrouiller tout seul.

Pour le coup il était attendrissant. J'imaginais un petit Scorpius à la tête blonde en train d'essayer d'attraper un pot de gâteau en équilibre sur un chaise, ou s'amusant à terroriser le chat des voisins à l'aide de ses pouvoirs... Est-ce qu'il avait des voisins d'ailleurs?

- Si c'est la famille idéale que tu cherches, ce n'est pas chez moi que tu la trouvera.

Je vois... ça nous faisait au moins un point en commun. Sauf que lui avait ses deux parents et sa mère n'était pas une peste en puissance.
Il n'avait pas l'air particulièrement ravis de parler de sa famille. J'espérais seulement ne pas l'avoir dérangé avec ces questions de m...à la noix. Il fallait vraiment que je me soigne là dessus.
Enfin... je n'allais pas non plus le plaindre. De toute façon quelque chose me disait qu'il n'aurait pas apprécié. Il avait un petit côté en lui paraissait totalement indomptable comme un animal sauvage qui aurait refuser de se faire apprivoiser. Cela ne faisait que rajouter à son charme. Je passais donc à ma préoccupation suivante.

- Tu n'aurais pas entendu parler de l'ordre des Rosenkreuz par hasard?

Je savais que ça faisait étrange de balancer ça dans une conversation mais il fallait absolument que je sache. Après tout Zora m'avait aussi conseillé de demander à Scorpius si il savait quelque chose.
Je restais donc pendue à ses lèvres, comme si c'était Dumbledore en personne qui allait me donner ses conseils.

J’avais répondu à sa question et cela sembla la satisfaire puisqu’elle n’en posa pas d’autre de ce genre là. Et tant mieux en même temps. Pas que j’aimais pas ma famille, mais tout le monde pensait que nous étions la famille parfaite et blablabla alors que pas du tout. C’était limite si on communiquait. Et encore, les parents parlaient entre eux pour raconter leur journée. Moi... Bah moi je tenais la chandelle jusqu’à ce qu’on me dise : « Et toi, les cours ? ». Toujours la même rengaine. Les parents n’avaient pas pigé que j’avais une vie en dehors de Poudlard.
Une fois je m’étais pommé dans les bois, j’avais quoi... Huit ans. J’ai retrouvé mon chemin, il faisait nuit noire. Croyez-vous qu’ils se soient inquiéter de ne pas me voir à table ? Même pas ! Rien du tout, que dalle ! Enfin bon... Je ne cherchais plus à comprendre le pourquoi du comment maintenant. S’il fallait que je me débrouille tout seul, je me débrouillerais tout seul. Et c’était ce que je faisais.

- Tu n'aurais pas entendu parler de l'ordre des Rosenkreuz par hasard?

Je tournais la tête vers Daphné en arquant un sourcil.

« A tes souhaits ? » répondis-je.

C’était quoi son ordre machin truc ?

Je me mis à rire quand elle me remercia pour ensuite me dire qu’elle n’avait pas éternué. Ca, je le savais qu’elle n’avait pas éternué. C’était une expression pour dire que je n’avais rien compris à son ordre. Mais ça, elle l’avait compris car elle m’expliqua ce qu’était son ordre Rosenmachintruc.

- Apparemment c'était un ordre assez glauque, et vu que ton père possède des connaissances dans ce qui touche à la magie noire, je me demandais si tu ne pouvais pas emprunter quelques documents sur le sujets. Si il y en a bien sûr.

Je fronçais les sourcils. Qu’est-ce qu’elle me mijotait avec ses idées de magie noire ? Ouais chez moi il y avait des bouquins dans ce genre là, ouais je les avais lu au moins une fois dans ma vie ; mais je voyais vraiment pas ce qu’elle ferait avec mes livres (ou plutôt ceux de mon père).

« T’es au courant que ces livres sont interdis ? »

Tout le monde était au courant, et je présumais qu’elle aussi. Mais parfois, il valait mieux le rappeler. Logiquement, on n’était pas censé posséder ces bouquins là. Peut-être pour ça qu’ils étaient tous planqués chez moi. Mais tout de même...

« Et s’il y a rien dans mes bouquins ? »

- T'es au courant que ces livres sont interdits?

Non sans blague? Il avait d'autres illuminations dans ce goût là Mister Je-ne suis-pas-une-lumière?

- Et s'il y a rien dans mes bouquins?

Ça me prenais la tête d'argumenter la-dessus, mais il fallait absolument que je sache si je pouvais en obtenir les connaissances que je désirais.

- Tu les as déjà lu non? Alors tu peux peut-être te rappeler de quelque chose sur des trucs dans ce genre? Ce serait vraiment cool de ta part. Réfléchis-y, c'est tout.

Il fallait que je me la joue plus détachée et ne pas montrer que j'étais totalement avide de ce genre de savoir. Sinon il était certain que même lui partirait en courant.
Je l'observais de nouveau. Il avait encore cet air sérieux sur le visage, comme à chaque fois où il réfléchissait à quelque chose.
Soudain prise d'une envie de changer de conversation je balançais :

- Sinon... Tu as vu la rumeur qu'a lancé Hogward Gossip? Je me demande qui lui a raconté...

Mais ça n'allait pas bien chez moi?! Qu'est-ce qui me prenait de parler de ça? Il fallait vite que je me rattrape. J'enchaînais donc.

- Enfin c'est ridicule bien sûr... Je ne pense même pas que tu y ais fait attention.

A cet instant je priais très fort pour que ce soit effectivement le cas. Bien entendu cette histoire m'avait attiré pas mal d'ennuis...mais cela ne me déplaisais pas pour autant de les laisser croire que leur « Prince » n'était pas celui qu'ils croyaient.

- Tu les as déjà lu non? Alors tu peux peut-être te rappeler de quelque chose sur des trucs dans ce genre? Ce serait vraiment cool de ta part. Réfléchis-y, c'est tout.

Pour toute réponse, je hochais la tête. J’allais y réfléchir, d’ailleurs, mon cerveau s’était mis en marche. Cependant, il y avait tellement de bouquin que je ne me souvenais pas de tout ce que j’avais lu. Il y avait aussi des pages que j’avais lu en diagonal tellement elles ne m’intéressaient pas. Mais dire, là tout de suite si son ordre y était ou pas... Impossible. A moins d’avoir une illumination.
Je m’apprêtais à lui répondre que je regarderais en détail pendant les prochaines vacances, mais elle me coupa dans mon élan.

- Sinon... Tu as vu la rumeur qu'a lancé Hogward Gossip? Je me demande qui lui a raconté...

Et bah si je m’attendais à une question comme celle-là...

Et ben...

- Enfin c'est ridicule bien sûr... Je ne pense même pas que tu y ais fait attention.

Aller, voila que je me tapais le rôle du grand méchant loup.

« Figure toi que j’en ai entendu parlé » annonçais-je en souriant.

Bah j’allais pas pleuré. Et puis c’était plus comique qu’autre chose ce qu’Howard Gossip avait balancé. Pot de peinture en avait pris un sérieux coup.

Il en avait donc eu connaissance. En un sens tant mieux... dans un autre j'aurais limite préféré qu'il n'en sache rien, histoire qu'il ne puisse pas me vanner là-dessus.

- Ah oui? fis-je d'un ton innocent, Eh bien figure toi que ça m'a attiré pas mal d'ennui avec tes groupies.

Depuis mon altercation de ce matin je vérifiais au coin de chaque couloir qu'aucune des adeptes du Prince ne se situaient dans les parages. Je flipper même de tomber sur elles au toilette.
Bien sûr je ne m'attendais pas à ce qu'il y fasse grand-chose. Il allait sûrement me sortir un truc du style « Désolé chérie mais c'est pas mes affaires ». Vive le gentleman. En même temps je ne pouvais pas vraiment dire ça. Il m'avait déjà aidé pas mal de fois. D'ailleurs je devais à mon tour lui rendre service. Et justement...

- Si ça t'embêtes je peux la démentir.

Je me redressais en position assise.

- On pourrait toujours organiser un duel entre nous deux leur faisant le coup de la grande scène de l'acte trois, avec des phrases mélodramatiques à souhait, continuais-je avec l'ombre d'un sourire.

Je n'étais pas emballée mais après tout c'était à lui de décider si oui ou non il voulait laisser planer le doute. Personnellement ça ne me déplaisais pas de laisser les choses comme telles.
Je m'orientais vers lui sans grand espoir d'obtenir une réaction. Puis constatais avec étonnement qu'on était un peu trop proche à mon goût là...

- Ah oui? Eh bien figure toi que ça m'a attiré pas mal d'ennui avec tes groupies.

Bizarrement, ça ne m’étonnait même pas. Seulement voila qu’est-ce que j’y pouvais ? Comme si je faisais exprès de toutes les attirer. Croyez moi que si je pouvais, je deviendrais invisible à leur approche tellement leur présence me soulait. Toujours à minauder à gauche ou à droite pour savoir ce que je pense de ceci ou de cela.
Néanmoins, je me demandais ce qu’elles pouvaient bien faire subir à Miss Pipelette. Des railleries sans doute. Elles étaient très fortes pour ça.

- Si ça t'embêtes je peux la démentir.

Je la regardais en arquant un sourcil.

« Crois moi, si ça m’embêtais, y’aurait longtemps que j’aurais ouvert ma bouche. »

J’étais pas le genre de mec qui ferme sa bouche à tout bout de champ. J’étais plus celui qui l’ouvrait. Parfois même un peu trop. Mais bon, j’étais comme ça donc on n’allait pas me changer maintenant. C’était un peu trop tard.
Je regardais Daphné se redresser d’un coup. Au vu de la tête qu’elle tirait, elle avait eu une illumination. Laquelle ? Je n’allais pas tarder à le savoir. Mais quelque chose me disait qu’elle allait me surprendre.

- On pourrait toujours organiser un duel entre nous deux leur faisant le coup de la grande scène de l'acte trois, avec des phrases mélodramatiques à souhait.

J’éclatais de rire. C’était plus fort que moi, mais c’était l’idée la plus stupide que j’avais jamais entendu. Un peu plus et elle m’aurait fait pleurer de rire.
J’attendis que mon fou rire se calme avant de répondre :

« C’est la pire idée que j’ai jamais entendu. Sérieusement, tu me vois jouer un mélodrame ? »

J’étais pas du tout ce genre de type.
Je me tournais vers elle en souriant. Décidemment, cette fille était pleine de surprise en plus d’être pleine d’idées farfelues.
Puis, je l’attirais à moi et l’embrassais.

A mon plus grand étonnement il éclata de rire. Je veux dire il riait vraiment. Pas le sourire en coin qu'il me destinait d'habitude. En plus il était communicatif, et je me surpris à sourire moi aussi.

- C'est la pire idée que j'ai jamais entendu. Sérieusement, tu me vois jouer un mélodrame?

Dis sur ce ton évidemment, ça paraissait moins crédible. Il se tourna vers moi, toujours le sourire aux lèvres. Et, alors que j'arquais les sourcils, prête à lui balancer une petite vanne, il m'attira vers lui et m'embrassa.
Je dois bien l'avouer j'étais surprise. Comme d'habitude en fait (une très mauvaise habitude d'ailleurs), mais après la journée pourrie que je venais de subir je décidais de me laisser aller.
J'enroulais mes bras autour de sa nuque et lui rendis son baiser. C'était tendre sans tomber dans le trop sage. Apparemment il devait avoir pas mal d'expérience pour embrasser aussi bien.
Je m'écartais enfin pour lui souffler :

- Avec ça je dois comprendre quoi? T'as encore cédé à la tentation?

Avec lui il fallait s'attendre à tout. Enfin, plutôt à ça. Je ne le voyais pas me dire «  Oh bébé, je t'ai toujours aimé ». A cette idée ce fut à mon tour d'exploser de rire. Imaginer Scorpius en dragueur à deux balles c'était vraiment, vraiment risible!

- Désolée, je viens de t'imaginer... Nan laisse tomber.

Il y avait plus romantique c'est sûr mais je n'avais pas pour autant l'impression d'avoir brisé l'harmonie du moment. C'était toujours comme ça entre nous. Beaucoup de rire, quelques vannes, des baisers, parfois un peu de larmes. Pourtant ça ne me dérangeais pas ce mixe d'émotions. C'était intéressant et enivrant. On ne savait jamais vraiment comment chacune de nos rencontres allaient se terminer. Jusqu'à maintenant pour celle-ci, aucun trouble-fête n'avait pointé son nez. Il ne restait plus qu'à espérer que ça ne change pas.

Je sentis la surprise de Miss Pipelette qui dura seulement quelques instants. Puis elle y mit du sien tout en enroulant ses bras autour de ma nuque. Un sourire vint se dessiner sur mes lèvres tandis que je continuais de l’embrasser.
Ce fut elle qui y mit fin pour souffler :

- Avec ça je dois comprendre quoi? T'as encore cédé à la tentation?

Un sourire vint se dessiner sur mes lèvres.

« Prend ça comme tu veux. »

Ma réponse préférée. En fait, c’était la première fois que je la sortais pour ce genre de situation. Bien souvent, c’était quand je faisais une remarque à quelqu’un. La personne me répondait un truc du genre : « Je dois prendre ça comment ? » et paf, je sortais ma petite phrase. Sauf que là, c’était différent.
Puis d’un coup, d’un seul, Miss Pipelette se mit à rire. Je ne voyais vraiment pas ce qu’il y avait de drôle là dedans. Mais je ne tardais pas à savoir que ce n’était pas à cause de ma réponse qu’elle rigolait car apparemment, elle m’avait imaginé entrain de faire quelque chose. Sauf qu’elle ne me dit pas quoi.

« Je préfère même pas savoir. »

- Je préfère même pas savoir.

En effet, il valait mieux pas. Son expression me tirais un sourire. Il avait toujours cette flamme dans le regard qui le rendait aussi attirant.
Oh mon dieu! J'eus un vertige. Pourvu que personne ne nous ai vu! Sinon on en était quitte pour avoir un nouvel article avec Howard Gossip. Et pour moi de nouvelles hystériques sur le dos.

- Je peux évidemment compter sur ta discrétion? marmonnais-je. Ma vie est assez...compliquée. Pas besoin d'en rajouter.

Euh... Comment allait-il interpréter ça? Je ne voulais pas qu'il croit qu'il m'embêtait où que je ne voulais rien avoir à faire avec lui. Au contraire, j'aimais beaucoup sa compagnie...

- Enfin ce n'est pas que je regrette, mais étrangement les ennuis me trouvent souvent quand je suis en ta compagnie. Et bien que je m'en sorte, par rapport à tes groupies je ne peux malheureusement pas faire grand chose. A moins que je me teigne les cheveux en blonds et que je me mette à leur parler sur un ton méprisant...

Oups, je faisais boulettes sur boulettes.

- Je m'enfonce... Oublie ce que je viens de dire, crois-moi je t'apprécie vraiment.

J'avais enfin dit quelque chose de gentil. En même temps je ne l'aurais sûrement pas embrassé si ce n'était pas le cas...

Alors là , c’était la partie « Mission discrétion ». Je levais les yeux au ciel et m’allongeais dans l’herbe tout en écoutant Miss Pipelette qui faisait son come back. Je callais mes mains derrière ma tête et regardais le ciel en attendant qu’elle termine ce qu’elle avait à dire.
Quand enfin le son se coupa, je tournais la tête vers elle. Okay, j’avais conscience que les filles de mon « fan club » que je n’avais pas demandé, lui causaient pas mal de problèmes parce qu’elle s’était souvent retrouvée en ma compagnie. Seulement voila, je ne pouvais pas vraiment trouver de solution à son problèmes. A moins que...

« Sors avec moi » balançais-je d’un coup.

Wow qu’est-ce que j’avais pas dit là moi aussi ! Même pas eu le temps de terminer mes pensées que ma bouche avait agis toute seule. Elle jouait sa rebelle, ça y est.
Voyant la tête de Daphné, je suis immédiatement qu’il allait falloir des explications.

« Si tu sors avec moi, t’auras plus d’emmerdes pour la simple et bonne raison qu’elles auront peur que je leur tombe dessus si elles tentaient quoi que ce soit. »

J’aurais du penser à ça avant de balancer mon « sort avec moi ». J’étais pas logique aussi !