« _ Soit une petite fille parfaite, avait dit papa. Ne t’attire jamais d’ennuie, reste dans ton coin avec tes amis, choisit les biens, ne fait pas de bêtises. Tu es mon petit trésor, Blueberry, il t’arrivera de grande chose, un jour. Parce qu’il arrive toujours de grande chose aux personnes aussi grandes d’esprits que toi. Même si ce n’est pas les aventures auxquels tu t’attends.» Etre une petite fille parfaite. Comme-ci c’était possible d’être parfaite. Est-ce que ça existe, au moins, la perfection ? J’ai passé les quinze premières années de ma vie à essayer d’être parfaite, mais ce n’est jamais assez. Parce que la perfection, après tout, ça ne reste qu’un mythe, non ?

Je suis née le premier avril. C’est comique non ? Quand ma mère a dit à mon père qu’elle venait d’accoucher, mon père ne l’a pas cru. Il n’est pas venu me voir pendant le premier jour. Ce n’est que le lendemain, quand il s’est dit que la plaisanterie allait un peu loin, qu’il est venu à l’hôpital. Mes parents étaient tellement heureux de m’avoir. Mais leur joie ne fut qu’éphémère. Les complications qui sont parvenues de part ma naissance empêcheront mes parents d’avoir un autre enfant. Pour un couple dont le rêve était de fonder une famille nombreuse, on peut dire que c’est pas le top, non ?

Avant Poudlard, mon père m’a apprit toutes les bases de la magie, il m’a fait lire tous les livres possibles et imaginables, et il m’a donné tous les conseils qu’on pouvait donner. J’ai été la petite fille la plus parfaite qu’on pouvait rêver d’avoir, mais ce n’était jamais assez. Papa m’en demandait toujours plus. C’est dur d’être ce que nos parents veulent qu’on soit. Maman a insisté pour que j’aille à l’école comme tous les enfants de mon âge. Papa aurait préféré qu’elle me fasse classe à la maison, mais quelque part, c’était mieux, parce que sinon, personne ne se serait occupé de moi, la journée, comme ils travaillent tout les deux.

Puis le grand jour arriva enfin ! Et ça, c’était juste tellement E-X-T-R-A-O-R-D-I-N-A-I-R-E ! Papa m’en avait longuement parlé, il m’avait préparé à tout en me racontant encore et encore les histoires qui lui étaient arrivées à Poudlard, mais jamais aucune des ses histoires n’étaient plus impressionnante que de connaître Poudlard de par soi-même. Les longues tables, les uniformes noirs avec quelques touches discrètes de bleu, vert, rouge ou jaune, selon la maison, les professeurs, les étudiants, tout était comme dans un rêve. Un magnifique rêve. « _ Serdaigle ! », s’écria alors le choixpeau. Et à ce moment, je crois que ma vraie vie a commencé.

Si vous pensez que je n’ai pas eu une belle enfance, détrompez vous. Même si papa était très exigent, mes parents ont été très aimant avec moi. Ils ont tout fait pour me combler de bonheur. Et quand je suis arrivée à Poudlard, au bout de quelques semaines, j’ai comprit pourquoi papa voulait à tout prix que je sois une petite fille parfaite et à quel point il voulait que je me surpasse. C’était pour me protéger et me préparer au regard des autres. Quelque part, maintenant, quand j’y pense, je le remercie de l’avoir fait. C’est uniquement grâce à lui, si j’ai tenue le coup sans eux. Au début, j’avais envie de rentrer tout le temps, je ne me sentais pas à ma place, mes parents me manquaient et je n’avais plus l’impression d’être la meilleure. Mais j’ai suivi les conseils de papa, et tout s’est arrangé pour moi.