En ce dimanche de décembre, j'avais pris l'initiative de vagabonder dans les rues pavées de Pré-au-Lard. J'avais terminé tous les devoirs à rendre cette semaine, et ce d'une rapidité étonnante, bien qu'efficace. La neige avait sévi lors de la nuit précédente, ce qui donnait au village une splendeur inhabituelle. J'aime bien la neige car elle a le don de purifier chaque édifice qu'elle recouvre et rend la nature plus resplendissante que jamais. Il n'y avait pas grand monde dehors, les sorciers devaient déjà s'être rendus dans les bars que proposait le bourg, histoire de rester bien au chaud. Un vent glacial s'était levé, celui-ci venant fouetter mon visage et faisant perler des larmes à mes yeux. Bizarrement, au lieu de me presser dans un bâtiment réchauffé, je préférais marcher d'un pas lent, sans même connaître ma destination finale. Quoique, l'envie de manger un gâteau énorme faisait tressaillir mon estomac qui ne demandait qu'à être satisfait, alors je trouvai l'idée de calmer ce désir en trouvant une boulangerie. Cela était peu raisonnable sachant que les fêtes de fin d'année, plus proches que jamais, allaient me permettre de m'empiffrer de choses plus ou moins bonnes pour la ligne. C'est vrai que, vu comme ça, il était mauvais de se payer une part de gâteau bien copieux, mais il fallait que je trouve un endroit où aller avant que quelqu'un me prenne pour une folle à errer sans but.
Je vis au loin des élèves de Poudlard mettre en forme un bonhomme de neige, ressemblant quelque peu à Hagrid, le garde-chasse. Malheureusement, cela tournait dans la caricature et à la place dudit personnage, j'aurai été vexé d'avoir l'apparence d'un troll plus qu'autre chose. Enfin bon, tout le monde n'était pas un artiste dans l'âme, j'en étais moi même la preuve, même si je me plaisais à faire des esquisses à propos desquelles on m'avait complimentée à plusieurs reprises.
Après plusieurs minutes de marche, j'aperçus un homme seul que je n'avais jamais croisé auparavant. Il ne devait donc pas être professeur à Poudlard, ni même commerçant dans les parages. Vêtu d'une veste qui paraissait bien rembourrée et d'une paire de jeans délavée, il avançait sur le parterre blanc, le sourire aux lèvres et les mains dans les poches. Je décidai de ne pas lui prêter une quelconque attention et continuai ma marche en direction de la boulangerie, qui se trouvait à quelques dizaines de mètres plus loin. J'aurais pu m'y rendre rapidement et surtout facilement, si en frôlant l'homme je n'avais pas heurté son bras. C'était à se demander si en me voyant, le protagoniste ne l'avait pas fais exprès. Je pris alors une mine qui se voulait désolée, et sans prendre la peine de croiser le regard de la personne qui me faisait face, je prononçai tout de même :

« Excusez-moi...monsieur. »

La tête baissée, l'air péteux, je fixai le sol. J'étais profondément désolée et la carrure de l'homme avec lequel j'étais entrée en collision m'impressionnait. J'avais juste peur de sa réaction en fait, même si son geste était intentionnel. Je n'osai pas affronter son regard. En même temps, qui voudrait du mal à une jeune fille si agréable à la vue ? Mauvaise réponse, cela était un mauvais argument, il n'y avait qu'à se rappeler la mésaventure dans l'Allée des Embrumes. Un sale souvenir, certes, mais révolu.

"Ne vous en faîtes pas."

L'homme s'était exprimé. A en juger le ton qu'il avait pris, il n'avait pas l'air frustré ni même énervé. Cela me rassura d'une certaine façon, mais je ne levai toujours pas la tête par crainte de le voir plonger ses yeux dans les miens. Que voulez vous faire d'autre dans une telle situation ?

"Je me permets de me présenter, Carmus Carrow.."

Je clignai rapidement des yeux, en prenant toujours le soin de ne pas scruter son visage. Carmus Carrow ? En y réfléchissant un instant, cela ne me disait rien. Je sentis un geste se faire près de moi. En effet, en redressant légèrement ma tête, je vis une main tendue devant moi. Elle me priait de la serrer, seulement j'hésitai. Finalement, je pris la peine de lever complètement la tête, afin de dévisager la personne qui se tenait devant moi et histoire de me forger une opinion sur la nature du geste qu'elle avait fait. Bien qu'aperçue de loin, je n'avais pas prêté attention aux courbures de son visage. Je pus constater que cet homme avait de toute évidence été gâté à la naissance. Il était beau et avait ce regard charmeur qui faisait craquer bon nombre de filles, mais il apparaissait nettement plus âgé que moi. Je doutai clairement qu'il m'ait brusquée dans le but de me séduire, ayant tout de même repéré ma tranche d'âge.
Ah oui, la main... Le pauvre, il la tendait depuis quelques secondes déjà et je la laissais flotter dans le vide. Paraissant quelque peu exaspéré, le prénommé Carmus finit par détourner le regard vers une vitrine parfaitement propre, dans laquelle on pouvait observer son reflet. Je le regardai toujours et vit un sourire se dessiner ses lèvres. Je me demandai alors à quoi il pouvait bien penser à cet instant précis. Décidée, je pris sa main et fit entendre ma voix douce, une nouvelle fois :

« Je suis Caitlinn Matthews, élève à Poudlard... en sixième année. »

J'avais ajouté ces mots dans le seul but de lui faire comprendre que je n'étais pas de celles qu'il faisait s'écrouler à ses pieds quotidiennement. Quoique, j'avais totalement changé d'opinion à son sujet rien qu'en le regardant. J'avais eu tort de prendre peur à sa vue.